Le carrefour de Barbès (XVIIIe) est devenu un marché où des dizaines de vendeurs proposent des cigarettes de contrefaçon à des prix défiant toute concurrence. Les affaires marchent si bien que les vendeurs sont aujourd’hui plus d’une centaine à «tenir les murs», ne prenant même plus la peine de se cacher. Si des interpellations ont bien lieu de temps à autre, la police souligne le caractère «difficile» de cette population. Une population d’origine étrangère.
Les cartouches sont dissimulées un peu partout, dans les recoins des marches du métro, derrière les portes cochères ou sous des plaques d’égout, mais ce sont les mains chargées de paquets de Marlboro et de Legend, à 3 € l’unité (au lieu de 5,30 € en moyenne) que les vendeurs fondent sur les passants. Pour peu que l’un de ceux-ci s’arrête, une cartouche de dix paquets lui est immédiatement proposée à 25 € …
La plupart des cigarettes vendues ne sont plus achetées à bas prix en Andorre, en Espagne ou en Russie, mais arrivent de Chine par cargaisons entières. Fractionnés en Belgique plaque tournante du trafic de drogue en Europe ou au Luxembourg, les lots arrosent ensuite les marchés parisien et toulousain, notamment : «La très grande majorité de ces marchandises sont des contrefaçons, explique-t-on à la Direction générale des douanes. Et pour appâter le chaland, elles sont tout simplement maquillées en cigarettes de contrebande, prétendument achetées à bas prix à l’étranger. Pour cela, il suffit de coller une fausse vignette fiscale sur le paquet.» (…)
Les revendeurs sont de plus en plus nombreux à se placer sur le créneau. Certains sont même d’anciens dealers reconvertis dans ce business parce qu’ils risquent beaucoup moins devant les tribunaux. « Pourtant, l’activité de la brigade anticriminalité (BAC) du XVIIIe , est constante, remarque-t-on à la préfecture de police. Ces six derniers mois, pas moins de 254 vendeurs ont été interpellés, dont 39 dans le cadre d’opérations conjointes avec les services des douanes. Mais il s’agit d’une population difficile, qui n’hésite pas à prendre à partie les policiers… »
(Le Parisien)