Damien Perrotin, membre du bureau politique de l’Union démocratique bretonne (UDB), analyse et critique violemment l’évolution de certains partisans de la laïcité dont le discours se rapproche de celui des «mouvements d’extrême-droite». Il s’en prend plus particulièrement à Riposte Laïque, un site fondé par des militants de gauche, qui avait pris la défense de Fanny Truchelut, condamnée pour «discrimination» envers une femme portant un foulard islamique.
Le problème c’est que le mouvement laïque a gagné. Non seulement il a obtenu la séparation des églises et de l’État, mais il a fait perdre à l’Église sa position centrale dans la société.(…)
En 2006 éclata l’affaire Fanny Truchelut, du nom de cette habitante des Vosges qui a refusé l’entrée des partie communes de son gite à une femme voilée. La discrimination était manifeste et elle a été justement condamnée par la justice comme par la plupart des laïcs. Certains cependant ont décidé de joindre leur voix à celle de l’extrême-droite villieriste et de la soutenir dans son combat. (…)
Que l’islamisme doive être combattu, c’est une évidence, comme doivent être combattus tous les fondamentalismes qui veulent imposer leur loi à la société. Le problème c’est que Riposte Laïque n’est pas sur cette ligne-là. Ce qu’elle refuse c’est la présence visible de l’Islam sur le territoire français. Ainsi le 27 avril 2009, un certain Maurice Vidal s’indigne-t-il de ce que «La France est devenu le pays de la course aux mosquées. On dirait que les maires se bousculent pour être les chevaliers servants de l’islam !»avant d’ajouter «L’inconvénient, c’est que lorsque tout est possible, les scénarios catastrophes le sont aussi, et, n’en déplaise à quiconque, la France des mosquées en est un !» (…)
A cette pierre de touche s’en ajoute une autre : l’immigration. Riposte Laïque est en effet opposée à l’immigration avec des arguments qui rappellent non pas ceux du Front National, mais bien ceux des Identitaires. On peut, sans sortir du monde démocratique, être favorable à une gestion raisonnée des flux migratoires, mais lorsque l’on qualifie, comme Guylain Chevrier, les sans-papiers de «Cheval de Troie de la Mondialisation» avant d’ajouter : «Nous sommes dans bien des quartiers populaires à la limite de l’explosion en raison des déséquilibres ainsi créés, et on voudrait encourager à un nouvel appel d’air de l’immigration clandestine par des régularisations massives de sans-papiers qui verraient-là une voie royale ?»
C’est qu’on se situe fort loin du progressisme et que l’on navigue déjà dans les eaux troubles de l’extrême droite.
(>>Agoravox)