Jacques Le Goff, professeur de droit public à Brest, dans les colonnes de Ouest France (29 juillet) :
“Rien de plus propice à l’expérience de l’universel que les vacances ! En s’arrachant à l’ordinaire des jours, chacun peut redécouvrir l’unité du genre humain sous le manteau d’Arlequin de ses manifestations. Tant de peuples si différents, y compris dans l’espace national, tant de coutumes et pratiques contrastées. Et en même temps, le sentiment profond d’une communauté d’appartenance transcendant les singularités.
Dans cette expérience de l’universel, tout se joue dans l’espace qui va du particulier au général. Ce qui suppose de se garder de deux tentations simplificatrices.
La première porte à faire de l’universel une simple excroissance du particulier. C’est la tentation des intégristes. Ils rêvent d’imposer leurs convictions et modes de vie à l’humanité entière, conçue comme une pâte molle à modeler au gré de leurs certitudes. Leur identité est la seule qui se puisse admettre. Ils n’éprouvent aucun scrupule à en étendre l’emprise au prix, s’il le faut, de la négation de toute autre. On pense aux tenants de la burqa, aux intégristes catholiques en mal de conversion de la société tout entière, aux intégristes ethnocentriques de la « corsité » ou de la « bretonnité », ou bien encore aux intégristes républicains prêts à corseter toute particularité dans le culte de l’unité sacralisée. L’universel ne saurait être un particulier généralisé.”
