«La semaine prochaine, tous les cafés seront vides ici», parie Kamel Amza, élu municipal de La Courneuve, en région parisienne. Car le ramadan est devenu la norme dans les quartiers à forte concentration musulmane. Ceux qui ne pratiquent pas se retrouvent aujourd’hui «en position de se justifier».
En 2006, 90 % des musulmans assuraient qu’ils jeûnaient, dans un sondage CSA pour l’hebdomadaire La Vie. Un chiffre peu vraisemblable mais qui indique combien il est désormais important d’afficher son respect du ramadan. «C’est la pratique collective par excellence. Même ceux qui se déclarent juste d’origine musulmane, assurent le suivre à 40 %», rappelle-t-on à l’Ifop où l’analyse de plusieurs enquêtes situe plutôt à 70 % la proportion de jeûneurs parmi les 5 millions de musulmans en 2007**.
Le ramadan s’est invité au collège depuis plusieurs années et gagne maintenant le primaire. «Les petits veulent imiter les grands. Les parents ne sont pas toujours au courant», explique Patricia Truong, directrice en primaire à Vénissieux. «L’air du temps est clairement au repli communautaire», affirme l’écrivain et chercheur Abdelwahab Meddeb.
Ceux qui ne pratiquent pas se retrouvent aujourd’hui «en position de se justifier», regrette Tahar, informaticien parisien. Parmi les adolescents, la pression du groupe est forte. Certains se font houspiller s’ils fréquentent la cantine et beaucoup «se cachent pour manger un sandwich», affirme Samira en première à Lyon.
Ce mois de fête religieuse est aussi un créneau pour les entreprises qui lorgnent sur le segment «ethnique» prometteur. Ces dernières années, l’offre de produits s’est multipliée. On trouve près de 400 références halal chez Casino.
Source : Le Figaro
** D’autres estimations donnent le chiffre de 6 à 8 millions de musulmans en France, soit environ 10 à 12% de la population