Depuis quelques semaines, l’optimisme s’est installé sur la planète économique. Pourtant, les économistes pointent du doigt les nombreux risques qui pèsent sur la reprise.
Les indicateurs avancés de conjoncture surprennent agréablement les économistes, la production industrielle se redresse, au point que certains pays, comme l’Allemagne, la France et le Japon, ont affiché des croissances économiques positives au deuxième trimestre. Il n’en fallait pas plus pour doper des marchés financiers habitués à la morosité depuis la mi-2007. Ces derniers atteignent actuellement des plus hauts sur l’année 2009.
Après des mois de déstockage, les entreprises n’ont pas d’autre choix que de se remettre à produire, quand bien même ce serait à des niveaux plus faibles qu’avant la crise. Le secteur automobile, dopé par les plans de relance y compris dans les pays émergents, agit aussi comme un accélérateur de croissance. Trop conscients de l’importance du soutien à ce secteur, les gouvernements ne vont probablement pas retirer du jour au lendemain leurs aides.
Mais les économistes sont unanimes à pointer les risques qui pèsent sur l’économie mondiale à moyen terme. Le crédit va-t-il repartir ? Les dernières statistiques en provenance d’Europe ne sont pas rassurantes sur ce point. Or, sans reprise substantielle du crédit, l’investissement ne pourra pas redémarrer et le secteur privé ne prendra pas le relais de la croissance.
Si la consommation des ménages a remarquablement résisté à la tempête au premier semestre, c’est « en bonne partie grâce à la désinflation ». Le monde a profité de la baisse du baril de brut, qui a soutenu le pouvoir d’achat dans un contexte où le chômage augmentait. Mais « le pouvoir d’achat devrait repartir à la baisse dès le quatrième trimestre 2009 ». Car la désinflation touche à sa fin. Les mois qui viennent verront les prix et le chômage repartir à la hausse. La consommation n’en sortira pas indemne.
Enfin, la question des finances publiques est probablement la plus épineuse. Les États ont investi 2.900 milliards de dollars, soit 5,3 % du PIB mondial, pour soutenir l’activité. Peu d’économistes critiquent cette injection massive d’argent, tant elle était indispensable pour empêcher l’effondrement du système. Mais son résultat est l’envolée de l’endettement public. Si certains pays, comme la Chine, ont de la marge en la matière, ce n’est le cas d’aucun des grands pays développés. Plus dur sera l’ajustement. Pour Pierre Cailleteau, chef économiste de l’agence Moody’s, « cela va rendre encore plus indispensables les réformes que les pays développés repoussent depuis vingt ans, comme celle des retraites ».
Entre chômage élevé et diminution de la marge de manœuvre des États, le scénario qui se profile n’est pas enthousiasmant. Reste éventuellement une planche de salut : la dynamique des grands pays émergents. Encore faut-il remarquer que le rebond constaté en Chine, au Brésil et en Inde « tient beaucoup à la relance du secteur automobile, qui est elle-même assez auto-centrée et génère peu de flux commerciaux ». « Le pire est derrière nous… mais le plus dur est devant. » Les Échos