A 63 ans, le préfet Paul Girot de Langlade n’est plus aujourd’hui qu'”un pauvre homme”, si l’on en croit son ministre de tutelle, Brice Hortefeux. Un haut fonctionnaire réfugié dans son Auvergne natale, qui encourt une sanction disciplinaire – une mise en retraite d’office ? -, les foudres de la justice, et au final, l’opprobre national, pour s’être emporté, au coeur de l’été, contre des agents de sécurité de l’aéroport d’Orly, en des termes qualifiés par ces derniers de racistes.
Ce “chrétien libéral”, comme il aime à se définir, n’est pourtant pas décidé à se laisser faire. “Je suis plutôt un bon préfet, dit-il au Monde, mais aujourd’hui je suis un préfet en colère. J’ai été jeté en pâture à l’opinion publique. Le ministre, pour me faire taire, veut en plus me sanctionner, c’est le principe de la double peine. J’ai l’impression qu’il ne se sent pas très bien…”
Aidé de son conseil, Me Gilbert Collard, il compte donc attaquer en justice le ministère de l’intérieur, qu’il accuse de ne pas avoir respecté sa présomption d’innocence, et de s’être, grâce à lui, refait à bon compte une virginité politique après son passage au ministère de l’immigration. Il veut également en profiter pour régler définitivement ses comptes avec le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP). “J’ai gagné les deux premières procédures, je comprends que le MRAP m’en veuille, assure-t-il, il y a une cabale, un complot médiatique contre moi, c’est facile de se payer un préfet. J’ai vécu un lynchage, j’ai été traîné dans la boue, j’ai perdu mon boulot, si j’avais tué quelqu’un, on n’aurait même pas cité mon nom. Je ne suis pas un être raciste. Simplement, j’ai mon franc-parler…”
suite