Depuis le début de l’été, les investisseurs ne parlent plus de crise mais de reprise, justifiant ainsi les gains de 10 % à 15 %, des grands indices boursiers. Mais ils s’interrogent: la reprise sera-t-elle molle ou “éruptive” ? S’agira-t-il d’un sursaut vif mais bref de l’économie ?
Ces incertitudes ont fait fléchir les indices boursiers à Wall Street, Paris, Londres ou Berlin début septembre. Seul le marché chinois a su limiter les dégâts.
Lundi, après le plongeon de 6,74 % du marché, le gendarme de la Bourse chinoise a lancé un appel “au patriotisme des investisseurs” pour que cesse la dégringolade des cours susceptible de ternir le soixantième anniversaire du Parti communiste, le 1er octobre.
Les premières victimes de ce contexte troublé sont les actions du secteur bancaire. “On présage que les taux de défaut des crédits accordés aux ménages ou aux entreprises vont augmenter“, explique Jean-Louis Mourier, analyste de la société de Bourse Aurel BGC.
Ces défaillances pouvant se transformer en pertes pour les établissements financiers, leurs actions fléchissent. Les groupes de grande distribution, comme Carrefour ou Wal-Mart, tributaires de la consommation des ménages souffrent aussi de cette reprise hésitante, mais également de la progression ininterrompue du chômage de part et d’autre de l’Atlantique.
Les États-Unis ont supprimé 216 000 emplois au mois d’août. Le taux de chômage atteint maintenant 9,7 %. Du jamais vu depuis 1983. En Europe, la situation n’est guère plus réjouissante. En France, avec 2,6 millions de personnes sans emploi, le taux de chômage a grimpé jusqu’à 9,1 %. Dominique Strauss-Kahn, le patron du Fonds monétaire international (FMI), a pointé le risque d’une “reprise lente sans emplois“.
Les opportunités sont d’autant plus réduites que même les valeurs dites “défensives”, comme la pharmacie, sont sujettes à inquiétude. La prolongation de la prime à la casse d’un an, annoncée vendredi par le gouvernement, devrait en revanche soutenir les ventes des constructeurs.
S’il n’est pas interdit d’imaginer que les marchés boursiers progressent encore dans les mois à venir, les indices vont buter sur un plafond d’ici à la fin de l’année. “Cette reprise sera comme celle de 1994, elle durera un an, pas plus“, estime François Chevallier, stratège chez Banca Leonardo. Le Monde