Canal + diffusera lundi 14 septembre un documentaire du journaliste Paul Moreira, L’insurrection silencieuse, «sur la vague de désobéissance civique qui touche la France». Mélangeant la défense des clandestins et la privatisation des services publics, il présente ce film sur son blog.
J’ai passé six mois à rencontrer des gens courageux, tout simples, des gens qui disent non. Qui prennent le risque de refuser les ordres qu’on leur donne. Ou qui enfreignent la loi. Pour raisons éthiques. Ou bien pour protéger quelqu’un qu’ils connaissent, un sans papiers par exemple. Ceux qui cachent les sans papiers sont souvent des personnes âgées. 70 ans en moyenne. Pas facile de jouer les hors la loi quand on a les artères un peu trop réactives à l’adrénaline et à la peur. Pourtant, ils le font avec une étonnante sérénité. Ils partagent leurs appartements pendant des mois avec des gens qu’ils ne connaissent pas.
Je me souviens de Georges, intellectuel juif marxiste, ancien fleuriste de luxe, qui hébergeait depuis un an, un jeune lycéen marocain de 19 ans, en BEP de plaquiste : Ala Eddine. Drôle de paire. Mais Ala Eddine s’est fait attraper dans la rue et a été renvoyé vers le Maroc.
Il y a des fonctionnaires aussi. En conflit éthique parce qu’ils refusent la mutation du service public en entreprise privée.(…)
Le personnage sans doute le plus étonnant : Etienne Pinte, un député UMP. Sans doute l’un des hommes politiques les plus respectables que je connaisse. La famille de Pinte a été hébergée par des républicains espagnols pendant la guerre. Il en a gardé une sorte de gratitude organique pour les parias, les réfugiés, les étrangers. Alors, silencieusement, il bloque des dossiers d’expulsions dans les préfectures.(…)
(Source)