Presque simultanément, les Américains Edmund Phelps, Prix Nobel d’économie 2006, et Joseph Stiglitz, lauréat du même trophée en 2001, font part à la Presse de leur vision très pessimiste du futur. Morceaux choisis.
Au cours du forum économique de Krynica, en Pologne, surnommé le Davos d’Europe de l’Est, le 11 septembre 2009, Phelps a dit : “J’ai un sombre pressentiment concernant l’économie américaine sur les prochaines décennies.”
“Je considère le système financier comme quasiment inutile en ce qui concerne le développement de la prospérité aux Etats-Unis.”
“Il devra être réformé et, en principe, la concurrence pourrait y parvenir en quelques décennies mais je ne pense pas que nous puissions attendre aussi longtemps. Le déversement massif de liquidités provoqué par la Réserve fédérale est une menace : il comporte réellement un risque d’inflation. Bien plus que [le gouverneur de la Réserve fédérale Ben] Bernanke ne l’admet.”
“C’est en renforçant autant que nous le pouvons la capacité d’innovation de l’économie américaine que l’on peut la sauver et cela exige une réforme du secteur financier, une réforme du monde des entreprises et nécessite des politiques plus favorables aux entreprises de la part du gouvernement.”
“Lorsque l’économie américaine va toucher le fond et commencer à se redresser quelque peu, nous aurons un niveau très élevé d’endettement de l’Etat, une situation qui ne sera tenable qu’au prix d’un impôt marginal très élevé qui pendant de nombreuse années provoquera le report de nombreuses activités innovatrices.” Boursorama
Quant à Stiglitz, il a déclaré à l’agence américaine Bloomberg, le 13 septembre 2009 :
“Les problèmes des banques sont encore pires aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2007 avant la crise”, parce que “beaucoup de banques jugées ‘trop grandes pour faire faillite’ sont devenues encore plus grandes.”
“Jusqu’ici, nous n’avons rien fait de significatif et les banques résistent aux changements”. Pour lui, le prochain G20 (à Pittsburgh, USA, les 24 et 25 septembre 2009) devra sans doute procéder par “petits pas en avant, compte tenu de la puissance des banques”.
“Nous allons entrer dans une longue période de faiblesse de l’économie, de malaise économique”, a-t-il dit. Au plan économique, les Etats-Unis vont “grandir, mais pas suffisamment pour compenser l’augmentation de la population”, a-t-il dit, ajoutant que “si les travailleurs ne disposent pas de revenus, il est très difficile de voir comment les Etats-Unis vont générer la demande dont l’économie mondiale a besoin.”
Selon lui, la FED est confrontée à un “dilemme” pour mettre fin à ses programmes de stimulation monétaire, car cela pourrait provoquer une hausse du coût de l’emprunt pour les Etats-Unis. Il conclut : “la question est alors de savoir qui va financer le gouvernement américain.” Boursier.com (en français) – Bloomberg (en anglais)