En un an et demi, le quartier de la gare de Saint-Denis est devenu un véritable supermarché à ciel ouvert de la drogue. On y trouve de tout, du crack surtout, mais aussi de la cocaïne, de l’héroïne, de l’herbe, du cannabis… Les habitants se terrent chez eux, la police laisse faire.
Inutile de s’enfoncer dans les ruelles étroites ou de pénétrer dans un des innombrables taudis pour en acheter. Les dealers sont partout, le long des berges, sur le parvis de la gare, devant le café Kilimandjaro, devant l’agence de voyages.
Assis sur des transats, au soleil, un petit groupe fume du crack. De temps à autre, l’un d’eux se lève pour aller acheter de l’alcool à la supérette du coin. Quelques mètres plus loin, un autre groupe a investi la station de vélos en libre-service. Un camion de CRS est posté à côté. Quatre policiers en descendent. Ils effectuent une brève patrouille avant de se calfeutrer à nouveau dans leur camion. « Au début, les dealers se cachaient. Ils étaient sous les ponts des berges. Mais maintenant la rue leur appartient. Ils sont chez eux. Et nous, on est des otages », résume une maman.
Le 30 avril, cette pharmacienne, installée à Saint-Denis depuis vingt-cinq ans, a été agressée et blessée d’un coup de couteau par un « cracker». Depuis, elle vit avec la peur au ventre. «Je suis constamment terrorisée. Je n’arrive plus à travailler normalement.». « M. Delanoë s’est débarrassé de ses toxicomanes et nous en avons hérité ! Le quartier de la gare est devenu une zone de non-droit. On a en quasi-permanence devant nos vitrines des usagers de crack prêts à tout pour obtenir leurs doses et des dealers qui s’affrontent pour se partager le marché. »
A 21 h 30, il n’y a déjà plus âme qui vive et il fait nuit noire le long des berges. Les habitants se cloîtrent chez eux. Les «zombies» investissent les rues.
Sources : 1, 2