“Le rouleau compresseur protectionniste ne montre aucun signe de ralentissement”, s’inquiète l’organisme de surveillance Global Trade Alert, en reprochant aux 20 grandes économies de la planète de ne pas avoir respecté leurs promesses.
“Rouleau compresseur” ?!
Diable.
Nous qui, naïvement, pensions que c’était la mondialisation qui écrasait tout (et, accessoirement, traçait une route semée de roses au bonheur planétaire… Non, ça, c’est une blague ; enfin, c’est le discours de Dominique Strauss-Kahn).
Et voilà qu’en plus, la taxe Tobin, pour les néolibéraux une horreur gauchiste juste digne de l’URSS et des laogaï, serait dans les tuyaux !
Quelque chose ne tournerait-il pas rond au royaume des libre-échangistes ?
Toujours est-il que, dans un rapport publié à une semaine du G-20, le Global Trade Alert, institut chapeauté par le Centre de recherches en politique économique basé à Londres, dresse un bilan très critique des mesures prises depuis le début de la crise mondiale.
Les 20 plus grandes économies industrielles et en développement se sont engagées, en novembre 2008, à ne pas dresser de barrières commerciales. Elles ont renouvelé cette promesse, lors d’un sommet à Londres en avril 2009.
Or, en l’espace d’un an, elles ont pris pas moins de 121 mesures de “protectionnisme flagrant” et 134 autres sont dans les tuyaux, recense le rapport publié vendredi.
“Le PIB diminue peut-être à un rythme moins rapide et une reprise est peut-être en vue. Mais le chômage va continuer à augmenter pendant encore un moment. Et les gouvernements auront beaucoup de mal à résister aux pressions pour protéger les emplois dans leur pays”, observe ce rapport.
Un peu plus tôt dans la semaine, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait également évoqué dans un autre rapport “un dérapage continu vers davantage de politiques de distorsion et de restrictions commerciales”.
La plupart des économistes estiment que la crise de 1929 a été prolongée et étendue par les mesures protectionnistes adoptées par les divers pays. Les politiques actuelles n’ont rien à voir avec l’ampleur des barrières érigées durant la Grande Dépression.
Cependant, le Global Trade Alert s’en émeut, considérant qu’elles ont causé des “souffrances dans de larges parties de l’économie mondiale” et qu’elles pourraient mettre en péril une reprise de la croissance.
Le dernier épisode en date est le conflit qui a éclaté le week-end dernier entre Washington et Pékin, au sujet des pneus chinois et des poulets américains [nous en avons déjà parlé ici].
Parmi les autres mesures protectionnistes, on peut citer : les incitations à “Acheter américain” du plan de relance de l’administration Obama, les restrictions qui interdisent les routes américaines aux camions mexicains ou encore le plan de soutien à l’industrie automobile – pour les voitures “made in the USA”.
Pékin a orienté son plan de relance vers les entreprises exclusivement chinoises. Le Japon est en train d’adopter des mesures qui vont limiter les importations de produits alimentaires. Quant à l’Afrique du Sud, elle est met en place des mesures qui vont favoriser les producteurs nationaux, au détriment des producteurs étrangers.
Les Etats-Unis continuent d’accuser les pays européens de subventionner Airbus, tandis que ces derniers reprochent au Pentagone et à la NASA de subventionner Boeing.
Le G-20 se réunit jeudi et vendredi prochains à Pittsburgh (Pennsylvanie). Il rassemble les 19 pays suivants: Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Corée du Sud, Turquie, Grande-Bretagne et Etats-Unis. La Banque centrale européenne (BCE) est le 20e membre. L’Union européenne est représentée via sa présidence tournante, actuellement assurée par la Suède.
Associated Press
Et, pour comble, le G-20 pourrait évoquer la création d’une “taxe Tobin”.
L’éventualité de la création d’une taxe de ce type, sur les transactions financières internationales, devrait être évoquée lors du sommet du Groupe des 20 la semaine prochaine et elle figurera probablement dans le communiqué final, apprend-on de sources proches des préparatifs de la réunion.
“Il y sera fait référence sérieusement et il est prévu qu’elle soit mentionnée”, a dit une source à Reuters.
Les dirigeants du G-20 qui se réunissent les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, aux Etats-Unis, devraient demander aux institutions financières internationales une analyse des mérites d’une telle taxe et un rapport destiné aux ministres des Finances du groupe, a-t-elle précisé.
Reuters