Les 500 000 électeurs allemands d’origine turque ne laissent pas indifférents les partis politiques. Angela Merkel soulignait récemment que les élections de 2002 ont été gagnées par un écart de 6 000 voix, remarque immédiatement relayée par le quotidien turc Hürriyet, qui vend 40 000 exemplaires chaque jour en Allemagne.
(Merci à Latine)
Originaire d’un petit village turc de la côte méditerranéenne, Tufan, 42 ans, raconte son parcours, depuis son arrivée en Allemagne avec ses parents en 1979, à l’âge de 12 ans.
« (…) Dans ma famille et celle de ma femme, près d’une centaine de personnes installées en Allemagne, on ne compte qu’un seul fonctionnaire, poursuit-il. La majorité est au chômage et les autres sont propriétaires de magasins ou chauffeurs de taxi. J’ai une maison en Turquie et j’y retourne chaque année. L’idéal serait d’y passer la moitié de l’année mais le système de santé est nettement meilleur ici et mes deux enfants vont à l’école. »
« Les électeurs issus de l’immigration sont largement sous-représentés dans la législature sortante – onze députés seulement, soit 2 % du total – et les partis politiques ne mettent pas souvent des candidats d’origine étrangère en position éligible sur leur liste», affirme Kenan Kolat, président de la Türkische Gemeinde in Deutschland (TGD), principale organisation de la communauté turque en Allemagne. Sa consigne aux adhérents ? « Votez en fonction des personnalités et non des partis. » Autrement dit, votez pour des candidats d’origine étrangère, de préférence turque, quelle que soit leur affiliation politique.
Même chez les chrétiens-démocrates de la CDU, l’immigration n’est plus un sujet tabou. (…) Ronald Pofalla, secrétaire général du parti, s’est réjoui des « racines diverses et colorées » de la démocratie chrétienne. Mais pour les militants, pas question pour eux de se faire représenter par un Turc et un musulman.
Aydin Attila, 50 ans, affirme qu’il ira voter le 27 septembre comme la majorité des électeurs allemands d’origine turque. « Ce qui compte pour moi, ce sont des questions concrètes comme la liberté des visas pour les familles turques, le droit à la double nationalité ou le droit de vote aux élections locales pour les immigrés non naturalisés. Ce serait pas mal d’avoir davantage de personnes d’origine étrangère au Parlement afin de pouvoir influencer le programme de la législature. »
Source : La Croix