Michel Rocard, membre de la Commission indépendante sur la Turquie, estime que le président Nicolas Sarkozy pourrait cesser de s’opposer à la poursuite des négociations UE-Turquie. Extrait d’interview :
«(…) La situation en Turquie s’est beaucoup détériorée, l’enthousiasme européen a quasiment disparu au Conseil des ministres et dans quelques pays d’Europe, dont la France, l’Allemagne et l’Autriche. De la même façon en Turquie, l’opinion pro-européenne est tombée sous les 50 %. Tout cela est grave, car l’Europe n’a pas un voisinage paisible.
L’évolution réformatrice de la Turquie était largement motivée par la perspective européenne. Cette perspective ouvrait l’espace à un flux d’investissements directs étrangers en Turquie, qui contribuaient à sa croissance ; or ce phénomène s’est ralenti.
Par ailleurs, la perspective de changer les habitudes turques, car la Turquie n’est pas une démocratie depuis longtemps, n’est pas la tradition chez eux. Il faudrait une forte pression européenne pour qu’ils changent d’attitude sur le problème kurde, qu’ils traitent le dossier chypriote dans des conditions équilibrées, et laissent l’histoire établir ce qu’il s’est passé en 1915 avec les Arméniens. Tout cela choque la communauté turque. (…)
A l’intérieur même du pays, l’idée que l’adhésion à l’UE contribuerait à une stabilisation et à une reconnaissance de la jeune démocratie turque perd du terrain. Le pays pourrait se refermer sur une identité plus musulmane, plus dure et moins soucieuse de la démocratie. Tout cela est très alarmant. (…)
Notre rapport dit qu’il y a une urgence croissante pour reprendre le processus (…) Vous aurez remarqué que les syndicats ouvriers et des salariés, y sont plutôt favorables, parce qu’ils ont compris que la poursuite du développement turc est la condition de l’arrêt du mouvement migratoire vers l’Europe. C’est donc une mesure de prudence.
(lire l’interview)
Bonus : Quelques citations de Mustapha Kémal Atatürk, fondateur de la Turquie laïque