110 médicaments moins bien remboursés l’année prochaine. C’est l’une des mesures concrètes prises pour limiter le déficit de la Sécurité sociale. Malgré cela, il atteindra 30 milliards, contre 23 cette année. Pourquoi une glissade aussi vertigineuse ?
Le système est en train de s’étrangler. Les recettes s’effondrent. La Sécu est surtout alimentée par les cotisations des salariés. Or avec la crise, c’est une première, on voit la masse des salaires reculer fortement. La conséquence, sur deux années, c’est plus de 20 milliards de recettes perdues dans les caisses de la Sécurité sociale. En face de cela, les dépenses progressent de 3% par an, c’est-à-dire plus vite que les prix et les revenus : il y a de plus en plus de personnes âgées à soigner et les techniques médicales coûtent de plus en plus cher. Et on est sur une tendance longue.
Pour retrouver naturellement l’équilibre, il faudrait atteindre un niveau de croissance nettement supérieur à celui qu’on avait avant la crise. Autant rêver.
Pour traverser la crise, le gouvernement a décidé de laisser filer. Parce que les dépenses sociales, les allocations familiales, l’assurance maladie, les pensions de retraites, constituent de très bons amortisseurs. Cela soutient le budget des ménages, donc la consommation. C’est un choix. Quelques dépenses rognées, quelques taxes en plus. Cela ne réduit le déficit que pour une part infime : 10%.
Il faudra donc bien trouver le traitement de fond. Il sera lourd parce qu’il va remettre à plat les fondements même de la Sécurité sociale. Son financement par les salaires ne fonctionne plus. L’idée d’une Sécu qui couvre toutes les dépenses de santé est morte. Elle va se concentrer de plus en plus sur les maladies et les soins les plus lourds. Autant de questions politiquement et socialement explosives. Le gouvernement a choisi d’attendre mais le vrai défi est là, pas dans les rustines d’aujourd’hui.
Une des mesures d’envergure concernera la réforme des retraites de 2010. Le ministre du Budget, Éric Woerth, a clairement indiqué que cette réforme était incontournable pour ” revenir à un niveau de déficit plus soutenable. ” ” Nous aurons en 2010 un grand rendez-vous sur les retraites pour débattre des thèmes comme la durée de cotisation, l’âge de la retraite ou la pénibilité ,” a renchéri le ministre des Affaires sociales, Xavier Darcos.
Une chose est sûre : l’exécutif abordera la réforme sous haute pression financière. Le déficit de l’assurance-vieillesse (CNAV) va bondir à 8,2 milliards d’euros cette année, puis à 10,7 milliards en 2010.
A ces montants record, il faut ajouter les pertes des régimes de retraites complémentaires des salariés du privé – Agirc et Arrco seront déjà dans le rouge à hauteur de 3,4 milliards en 2010 – et celle du Fonds de solidarité vieillesse, qui prend notamment en charge les cotisations des chômeurs (4,5 milliards en 2010).
Pourtant, des mesures ont été prises en 2003. Plus de 12 % des salariés du privé bénéficient de la surcote, qui permet de bonifier la pension en retardant l’âge du départ. ” La libéralisation du cumul emploi-retraite est, elle aussi, un succès,” assure Xavier Darcos. Plus de 7 % des liquidants y ont eu recours depuis le début de l’année, dont l’essentiel dans le cadre d’une activité à temps partiel. ” Le durcissement des conditions d’accès aux départs avant 60 ans sans pénalité génère aussi des économies spectaculaires. Autre mesure annoncée, les invalides dont le niveau d’incapacité permet la poursuite d’une activité pourront percevoir leur pension d’invalidité jusqu’à 65 ans, contre 60 aujourd’hui.
Tout cela permet de ralentir légèrement la croissance des prestations (à 4,5 % en 2010), mais c’est loin d’être suffisant pour faire face au papy-boom. Le rythme des départs se poursuit à une cadence élevée : 650.000 par an, hors carrières longues. Et le nombre de pensionnés va continuer à croître de plus de 3 % par an, prévoit la CNAV, soit 380.000 personnes de plus cette année et l’an prochain. Même si les pensions ne sont revalorisées qu’au rythme de l’inflation – 1,2 % prévus au 1er avril 2010 -, la facture va donc continuer de s’alourdir. France-Info et Les Échos