Yaro, 41 ans, Mauritanien sans papiers, se rend à sa banque pour retirer de l’argent. Le guichetier a appelé la police.
Yaro dispose depuis cinq ans d’un compte dans cette agence de la Société générale de Boulogne. Chaque mois, son salaire d’aide-cuisinier y est directement versé. « Au guichet, l’agent m’a demandé une pièce d’identité, raconte-t-il. J’ai donné ma carte de séjour, il m’a dit d’attendre. En fait, il appelé la police. J’ai voulu sortir mais il a bloqué les portes. »
Yaro, qui confesse que son titre est un faux, ne « comprend pas » ce qui lui est arrivé. Placé en rétention au Mesnil-Amelot, il doit être présenté aujourd’hui aux autorités consulaires de son pays, en vue d’une expulsion.
« Ce cas est symptomatique d’une tendance croissante à la délation, de la part d’employés du privé comme du public », constate la Cimade, indignée « d’un zèle qui dépasse le cadre des obligations professionnelles. »
Cet été, trois affaires analogues se sont succédé : pour un téléphone dans une boutique Bouygues à Evry ; un retrait de carte bleue dans une agence du Crédit lyonnais d’Aulnay-sous-Bois ; l’ouverture d’un compte dans une agence du CIC à Montrouge.
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Pourquoi l’appel à la police ? Y a-t-il des consignes ? Pas de réponse. Sociologue au CNRS, Fabien Jobard (« Citoyens et délateurs », Editions Autrement, 2005) suggère : « Les organisations privées poussent à l’individualisation des responsabilités. Cet employé a peut-être juste voulu se couvrir… Sans réfléchir aux conséquences. » (source)
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Question : le sociologue a-t-il envisagé une autre réponse au “Pourquoi” ? Une réponse moins “sociologisante”.