Lassés de payer des impôts qui financent deux guerres lointaines et des plans de relance dont ils ne voient pas les retombées concrètes, un nombre croissant d’Américains poussent leurs États à mettre en cause les lois fédérales, voire les pressent de faire sécession.
Qu’ils défendent un pouvoir accru des États ou leur séparation pure et simple de l’Union, ces Américains s’entendent sur un point : ras-le-bol d’avoir l’État fédéral sur le dos.
“L’État fédéral a perdu son autorité morale, notre gouvernement est aux ordres de Wall Street”, explique à l’AFP Thomas Naylor, ancien professeur d’économie, chef de file du mouvement pour la Seconde République du Vermont (nord-est).
“L’empire s’écroule, voulez-vous couler avec le Titanic ou trouver une autre solution tant que c’est encore possible ?”, interroge-t-il.
Déjà active bien avant l’élection de Barack Obama président des États-Unis, la veine anti-Washington a vu ses rangs grossir avec la récession, l’intervention grandissante de l’État dans l’économie et l’explosion des dépenses nationales, affirme Jason Sorens, professeur à l’université de Buffalo à New York.
“On parle plus aujourd’hui d’invalider des lois fédérales au niveau des États et de faire sécession qu’on n’en parlait en 1865”, détaille Kirckpatrick Sale, de l’Institut Middlebury, qui étudie la sécession, et l’auto-détermination.
Des groupes actifs de sécessionnistes existent actuellement dans au moins 10 États, dont le Texas (sud), le Vermont (nord-est), Hawaii (pacifique) et l’Alaska (nord-ouest).
Rick Perry, le gouverneur du Texas a récemment surpris en suggérant dans une réunion de conservateurs qu’il était favorable à la sécession. Indépendant entre 1836 et 1845, cet État du Sud a vécu sa dernière séparation en 1861 lorsqu’il a rejoint 10 autres États esclavagistes du sud contre les États du nord.
Ce n’est qu’après quatre ans de guerre civile et 620.000 morts que l’Union a été rétablie.
“La sécession est notre seule réponse parce que l’État fédéral est en miettes et ne peut plus être réparé tel que fonctionne le système politique actuel”, déclare à l’AFP Dave Mundy, porte-parole du Mouvement nationaliste texan.
A l’origine, les États-Unis d’Amérique ont été conçus comme “une confédération d’États indépendants liés entre eux par une défense commune et des intérêts commerciaux”, ajoute-t-il, en regrettant qu’années après années, l’État fédéral ait acquis un pouvoir, selon lui, excessif.
Mais, nuance J.R. Labbe, directrice éditoriale du Star-Telegram de Forth Worth (Texas), les sécessionnistes “ne sont qu’une minorité” et Dick Perry ne fait que céder à un groupe “petit mais bruyant”.
Si les sécessionnistes restent marginaux, les défenseurs d’une augmentation du pouvoir des États commencent en revanche à avoir une influence réelle.
Ainsi par exemple, la moitié des États américains ont-ils refusé de mettre en application les nouvelles normes fédérales pour l’établissement des cartes d’identité. De même, 13 États ont légalisé la marijuana à usage médical, contrairement à la règle fédérale. Autre signe d’indépendance, le Tennessee (sud) et le Montana (nord-ouest) ne s’estiment pas tenus de se soumettre aux règles fédérales de fabrications des armes et des munitions.
Il reste malgré tout “peu probable” que les sécessionnistes prennent suffisamment de vigueur pour provoquer une séparation, estime Lyn Spillman, spécialiste du nationalisme interrogée par l’AFP.
AFP (via Le Parisien)