140 milliards de dollars, c’est le montant des rémunérations qui devraient être versées dans le secteur de la finance américaine, selon le Wall Street Journal. Un record, malgré la crise.
Oubliée la crise financière qui, il y a un an, menaçait les plus grandes institutions financières de Wall Street. Les salariés des 23 plus grosses banques, hedge funds, gérants d’actifs et membres des opérateurs de Bourses d’actions et de matières premières des Etats-Unis devraient gagner plus d’argent cette année qu’en 2007, précédent record pour l’industrie, selon une analyse des documents du premier semestre publiés par ces institutions effectuée par le Wall Street Journal. La méthodologie utilisée a fait l’objet d’une revue par des experts des rémunérations, précise la publication.
A 140 milliards de dollars, les salaires et bonus des sociétés, toutes cotées en Bourse, augmenteront de 20% par rapport à l’an dernier et dépasseront les 130 milliards de dollars versés en 2007. Cela représente un salaire moyen de 143.400 dollars, soit 2.000 dollars de mieux qu’en 2007 (pour un effectif qui a toutefois diminué).
Pour expliquer un tel record en période de crise, le quotidien avance deux explications. Tout d’abord, malgré la récession et la hausse du chômage, l’industrie des services financiers a bénéficié du rebond des marchés financiers cette année, de meilleures conditions de financement, mais également les aides massives reçues du gouvernement américain.“Le rebond reflète aussi la confiance des dirigeants de ces institutions qui leur permet de payer au prix fort les talents dont ils ont besoin, une fois remboursées les aides de l’Etat”, observe également le journal. Les parlementaires et régulateurs américains se sont plus préoccupés d’éviter que la promesse de rémunérations élevées conduise à des prises de risques excessives, mais ont laissé aux entreprises du secteur le soin de fixer les limites sur le montant absolu des rémunérations.
Les estimations du Wall Street Journal sont déterminées sur la base d’un pourcentage du produit net bancaire versé sous forme de rémunérations, qui incluent salaires, avantages sociaux (santé et retraite), attributions de stocks options et d’actions. Pour des banques d’affaires, comme Goldman Sachs ou Morgan Stanley, ce pourcentage se situe autour de 50% du revenu bancaire. Il est beaucoup plus faible pour des banques de détail.
Goldman Sachs a contesté l’estimation du quotidien, qui prévoit que la banque versera 21,85 milliards de dollars à ses employés cette année – un record historique, soit 49% de son revenu. La banque rappelle qu’entre 2000 et 2008, le pourcentage de rémunérations se situait en moyenne à 46,7%. Par la voix de son porte-parole, Lucas Van Praag, la banque explique que “le meilleur moyen de s’autodétruire serait de ne plus payer ses employés… Détruire une entreprise profitable ne serait dans l’intérêt de personne”.
L’article du quotidien est publié au moment où le superviseur des rémunérations à Wall Street, Kenneth Feinberg, doit rendre ses conclusions sur le montant des salaires payés aux salariés des banques qui n’ont pas encore remboursé l’aide de l’Etat – Bank of America et Citigroup en tête. Selon le quotidien, Citigroup verserait 22 milliards de dollars, 32% de moins qu’en 2008 ; Bank of America, qui a racheté Merrill Lynch et Countrywide Financial, paierait 30 milliards de dollars, en hausse de 64%.
Dans cette dernière institution, la question des bonus provoque un tollé depuis l’an dernier et fait l’objet d’une grande attention de la justice américaine… Début octobre, l’affaire a fait une nouvelle victime, avec le départ du directeur général de Bank of America.
E24