Dans Libération, Alain Duhamel, inébranlable pilier du système médiatico-politique, gardien du Temple de la pensée officielle, s’inquiète du retour du Front National et du succès de Marine Le Pen dans l’affaire Mitterand. Tout en dénonçant le “ministère de la haine“, il reconnaît l’habileté du “coup médiatique” qui permet au FN de reconquérir une partie de son électorat.
“On avait tort d’enterrer prématurément le Front national. Nicolas Sarkozy lui a certes porté de rudes coups, s’appropriant quelques thèmes (sécurité, immigration, justice), dominant nettement Jean-Marie Le Pen à l’occasion de plusieurs duels télévisés, le vieillissant aussitôt et lui ravissant une fraction substantielle de son électorat.
L’extrême droite paraissait ainsi en déclin et subissait plusieurs déconvenues électorales. Cette phase-là s’achève peut-être. La crise économique, la montée du chômage, les polémiques récentes (Clearstream, Roman Polanski et maintenant Jean Sarkozy) lui offre [ndlr : faute de conjugaison] un terrain favorable.
Une partie de l’électorat de la majorité, dans les milieux populaires notamment, est de nouveau tentée par le Front national. Le climat d’anxiété et de protestation le sert, l’insécurité le porte. Dans la région Provence-Alpes- Côte d’Azur (Paca) ou en Picardie par exemple, l’extrême droite regagne des points.”
“Pour cristalliser ce retour du Front national, Marine Le Pen vient de réussir avec l’affaire Frédéric Mitterrand un coup d’éclat médiatique aussi répugnant qu’efficace, aussi fétide que spectaculaire. La vice-présidente du parti d’extrême droite vient ainsi de prendre la succession de son père dans la fonction qu’il occupait depuis des décennies : le ministère de la haine.
La députée européenne ne possède pas le talent oratoire de tribun ou la culture classique de Jean-Marie Le Pen. En revanche elle en a l’aplomb, la violence, l’agressivité, la facilité d’expression et cette intuition politique qui lui fait discerner sur le champ que s’entrouvre une fenêtre de vulnérabilité.” source
Alain Duhamel en 1973. 40 ans de servilité audiovisuelle.