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Locataires et copropriétaires ont de plus en plus de difficultés à régler, en temps et en heure, leurs loyers ou charges de copropriété. Sans quantifier précisément le phénomène, les professionnels du logement le perçoivent.

“Les impayés augmentent, les bailleurs sociaux sont préoccupés”
, explique Patrick Kamoun, chargé de mission à l’Union nationale des entreprises sociales de l’habitat (UNESH, nouveau nom des organismes HLM).
Paris Habitat, l’office public HLM de la Ville de Paris, à la tête de 110 000 logements, enregistrait, à fin septembre, un taux d’impayés provisoires de 4 %, soit plus de 22 millions d’euros (+ 15 % par rapport à 2008).
La fragilisation des locataires n’épargne pas le privé. “Ils règlent leurs quittances avec un décalage grandissant, jusqu’à trente jours de retard, et le manque à gagner peut, comme dans nos agences de Nîmes ou de Montpellier, atteindre de 6 % à 7 %”, raconte Franck Ménard, responsable des agences Lamy, du groupe Nexity, pour la région Sud.
“Jusqu’à l’été, nous avons nié la crise, mais aujourd’hui, les difficultés apparaissent”, reconnaît Jean Perrin, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI). “La vacance atteint facilement 10 %, en province, même lorsque les propriétaires acceptent de baisser les loyers, et nous devons multiplier les relances”, confie M. Perrin. “Quant aux locataires entrants, leurs ressources sont plus modestes qu’autrefois.” Comme ce jeune père divorcé souhaitant louer un trois-pièces 570 euros, charges comprises, alors qu’il ne gagne que 600 euros par mois.
L’Agence d’information pour le logement de Paris (ADIL), qui a enquêté auprès des ménages qui la consultent, constate que le loyer représente, en moyenne, 34 % de leurs revenus et que 54 % estiment que leur budget logement “n’est pas acceptable”.
“Nous sommes frappés par la situation des personnes retraitées qui veulent se maintenir dans leur logement mais n’en ont pas les moyens”, témoigne Martine Rullier, directrice de l’ADIL. Pour 17 % de ces personnes, le taux d’effort excède 45 % de leurs ressources.
Ces difficultés financières touchent aussi les propriétaires. “Les retards de paiement des charges mettent parfois la gestion de l’immeuble en péril”, indique une juriste de l’Association des responsables de copropriété (ARC), qui cite le cas d’un immeuble de 160 logements, dans le 15ème arrondissement de Paris, qui a accumulé 51 000 euros d’impayés.

Résultat : un nombre grandissant d’anciens propriétaires frappent à la porte des HLM. En 2008, ils représentaient 7 % des nouveaux entrants. L’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) relève, elle aussi, qu’au premier semestre, “20 % des demandes d’aides individuelles, pour régler factures d’énergie ou loyer, émanent de publics jusque-là inconnus des services”.

Le Monde

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