La chronique du médiateur du journal Sud Ouest :
Cela s’est passé le 22 octobre dernier dans le centre du bourg de Saint-Michel, en Charente. Une violente altercation entre trois hommes est ponctuée par un coup de fusil. Le lendemain, sous le titre « Le père tire au fusil sur ses fils », « Sud Ouest » dans son édition charentaise relate les faits dans un court article d’une trentaine de lignes, présenté sur une colonne et commençant de la manière suivante :
« Hier, peu avant 13 heures, le centre-ville de Saint-Michel a connu une véritable scène de western avec des mots, une échauffourée et même un coup de fusil tiré par un père sur ses deux fils qui ont été légèrement blessés. Les trois hommes, qui appartiennent à la communauté du voyage, sont en garde à vue. »
La suite du papier nous apprenait que le matin même, les fils avaient saccagé la maison du père et, au cours de l’altercation finale, molesté la compagne de celui-ci. Aucun nom n’était révélé. On pouvait alors estimer que « Sud Ouest » avait procédé à un traitement a minima de cet événement pour le moins spectaculaire. Étions-nous quittes pour autant ?
Quelques jours après cette publication, un courrier parvenait à notre agence angoumoisine signé par M. Michel Vaudon, directeur du centre social Les Alliers, établi à Angoulême et dépendant de l’Association des gens du voyage. On pouvait y lire : « Je me permets de vous faire part de notre mécontentement au sujet d’un passage de l’article qui précise : “Les trois hommes qui appartiennent à la communauté du voyage sont en garde en vue.” En effet, est-il nécessaire pour l’information du lecteur d’évoquer les origines ethniques des personnes en cause ? Il nous semble que cela n’apporte rien de plus à ce qui est un drame familial.
« Par contre, nous sommes certains que cette précision renforce l’inconscient collectif sur les peurs et les fantasmes concernant les Tsiganes et gens du voyage qui sont une population fortement discriminée en Europe. »