L’or est une valeur sûre. Après la crise financière, la confiance dans les actions ébranlée, le métal jaune a joué à fond son rôle de valeur refuge et la cote s’est envolée. L’or a presque doublé de valeur en un an. Les bijoux anciens ont aussi la cote.
« L’or a beaucoup monté, pas loin de 80 % en un an » assure même Christian Déro, bijoutier joaillier fabricant. « Heureusement, dans les bijoux le poids de l’or ne rentre pas trop en ligne de compte, poursuit le spécialiste, mais avec le livret d’épargne à 1,75 % certains sortent leur argent et se font plaisir, ce qui fait qu’en ces temps de crise nous ne sommes pas trop touchés et nos bijoux se vendent bien, même si on ne peut pas parler véritablement de placement en la matière ».
Les dangers d’internet
Reste que les sites fleurissent sur internet qui proposent d’acheter cash votre or (du lingot aux débris en passant par les pièces du type Napoléon) ou vos bijoux, ou de vous en vendre.
« Attention toutefois aux escroqueries sur internet, on y trouve par exemple des diamants bradés mais de très mauvaise qualité, il ne faut pas oublier que la valeur d’un diamant tient compte de sa taille, de sa couleur et de sa pureté », rappelle Christian Déro.
Donc, attention, si vous avez de l’argent à placer, achetez vos lingots (plus de 22 000 € le lingot d’un kg tout de même) ou en passant par votre banque par exemple, ou auprès de spécialistes comme le Comptoir de bourse, rue du Poids de l’Huile, qui vend et achète aussi toutes sortes de pièces.
Pour les bijoux anciens, de plus en plus prisés, n’oubliez pas le Crédit municipal, familièrement appelé « le clou » ou « ma tante ». Cet établissement public plus que centenaire de la rue des Lois, connu pour ses prêts sur gage, vend chaque troisième mercredi du mois des bijoux anciens de qualité. Mercredi 21 octobre, un négligé or gris orné de diamants taille ancienne, d’un diamant navette de 1,15 carat environ et deux diamants poire de 2,47 et 3,35 carats s’est vendu pour la bagatelle de 25 000 €. Le 23 septembre, une bague platine ornée d’un diamant de plus de 14 carats a été adjugée à la somme record de 66 000 € !
« Nous avons une bonne clientèle qui suit bien nos ventes, ce solitaire vendu à un prix record avait fait l’objet d’une publicité sur la gazette de Drouot, explique Jean-Christian Carrié, directeur des services opérationnels du Crédit municipal, tous ces bijoux sont expertisés par nos soins, étant un établissement public nos frais sont réduits et s’appliquent seulement à l’avance sur la vente donnée au vendeur ».
Le vendeur se voit en effet attribuer une avance sur la vente d’après l’estimation de l’objet, la différence éventuelle lui est ensuite réglée. À noter toutefois que l’acheteur doit régler près de 14 % de frais en sus du prix de l’enchère.
La fièvre de l’or risque de retomber, annonce-t-on. Pour d’autres, on n’aurait encore rien vu.
Chez un spécialiste. Fin 2008, des gens affolés retiraient leur argent des banques pour acheter de l’or
« Les acheteurs reviennent vers l’or, placement qui rassure »
« Il y a beaucoup plus de demandes de renseignement que de réelle concrétisation », modère un spécialiste de l’or qui préfère s’exprimer de façon anonyme, « ce placement, tombé en désuétude ces dernières années, connaît un regain d’achat depuis la crise, alors qu’avant on avait surtout des ventes ».
« En octobre 2008, au plus fort de la crise bancaire, certaines personnes, affolées, enlevaient leur argent des banques dont elles craignaient la faillite. Elles étaient prêtes à acheter de l’or à n’importe quel prix », se souvient le spécialiste, « ça a continué jusqu’à la fin de l’année 2008 puis ça s’est un peu tassé. Mais la cote de l’or, lingot ou pièces, a quasiment doublé en dix-huit mois, alors ça reste intéressant ».
Avoir un coffre
L’intérêt majeur, bien sûr, c’est le côté valeur refuge, comme l’immobilier. Des épargnants, échaudés par le virtuel, échangent leurs « bouts de papier » contre des pièces sonnantes et trébuchantes ou contre de bons vieux lingots. « C’est de l’or physique », explique notre spécialiste : « Il faut le commander bien sûr, car on n’a pas d’or en stock, mais une fois que le chèque du client a été encaissé ou son virement effectué (pas de paiement en liquide au-dessus de 3000 €), il repart avec son lingot. Il est préférable d’avoir un coffre à domicile ».
Côté discrétion, ce n’est plus ce que c’était. « Nous sommes assujettis à Tracfin, la cellule anti-blanchiment, comme les banques, les notaires, les assureurs », précise notre spécialiste, dont les acheteurs sont identifiés.
« Lorsque l’achat est déclaré, l’acheteur a le choix de l’imposition sur l’éventuelle plus-value lors de la revente et il paiera toujours moins que les 8 % de la vente d’un or à la provenance non identifiée » ajoute le spécialiste. La Dépêche