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Le gouvernement l’a répété: reprise ou pas, il s’attaquera l’année prochaine à l’épineux dossier de la réforme des retraites. Face à l’augmentation du nombre de pensionnés et l’allongement de la durée de la retraite par répartition, de nouvelles recettes sont nécessaires pour assurer le financement et la pérennité du système.

En 2009, le déficit du régime général de la branche vieillesse de la sécurité sociale était en effet de 9,5 milliards d’euros. Et 11 milliards d’euros sont déjà prévus en 2010. Pour poursuivre la réforme des retraites engagée en 2003 par François Fillon, alors ministre du Travail, le gouvernement devrait jouer sur trois leviers différents.

L’augmentation de l’âge de la retraite ne peut, à elle seule, résoudre le problème du financement des régimes (…) Pour le régime général, le report à soixante-deux ans apporterait 6,6 milliards d’euros en 2020 (sur 13 milliards de besoins), mais seulement 5,7 milliards sur un besoin total de 46 milliards en 2050.”

Premier levier: augmenter les cotisations retraite

Le 1er octobre 2008, les pouvoirs publics avaient annoncé une hausse de la part patronale déplafonnée des cotisations retraite de 0,3% en 2009, 0,4% en 2010 et 0,3% en 2011. En contrepartie, les cotisations chômage devaient diminuer pour ne pas pénaliser la compétitivité du travail et les jeunes générations.

La crise économique a cependant conduit le gouvernement, en janvier dernier, à poser un moratoire sur cette évolution. Nicolas Sarkozy a précisé récemment qu’il était d’ailleurs hors de question d’augmenter les prélèvements obligatoires avant 2011, au minimum.

Deuxième levier: allonger la durée de cotisations

Les premières étapes de la réforme de 2003 sur ce point ont commencé dès 2008. La durée de cotisation des fonctionnaires pour une retraite à taux plein est passée de 37,5 à 40 ans et celle de tous les salariés est progressivement entrain de s’allonger. Chaque année, elle augmentera d’un trimestre pour atteindre 41 annuités au 1er janvier 2012. Le gouvernement n’a pas caché sa volonté, d’ici 2020, d’arriver à 42 ans de cotisations.

Cette solution doit cependant prendre en compte la question de la pénibilité du travail. Selon la dernière étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur le sujet en 2003, à 35 ans, les hommes cadres supérieurs ont en effet une espérance de vie supplémentaire de 47 ans, soit 4 années de plus que la moyenne et 6 de plus que les ouvriers.

La CFDT l’a ainsi répété le 28 octobre dernier: la prise en compte de la pénibilité dans l’âge de la retraite est, “un préalable à de nouvelles discussions,” pour ne pas fixer de durée de cotisation unique alors que les conditions de travail ne le sont pas.

Troisième levier: augmenter l’âge légal de départ à la retraite

Dernier levier: l’augmentation de l’âge légal du départ à la retraite. Depuis 1983, il est de 60 ans mais le premier ministre François Fillon a de nouveau affirmé le 27 juin dernier, devant les cadres de l’UMP, qu’il “n’y a pas d’autre solution pour sauver nos régimes de retraite que de travailler plus longtemps“.

Augmenter la durée légale du travail n’aura cependant aucun intérêt si l’activité des seniors ne progresse pas de son côté. Le taux d’emploi des 55-64 ans est en effet très faible en France (38,4%) par rapport à l’Allemagne (53,8%), le Royaume-Uni (58%) ou la moyenne de l’Union européenne (45,6%), selon les données 2008 d’Eurostat.

En outre, comme le rappelle le sénateur Alain Vasselle dans son rapport de juillet 2009 sur l’état des finances sociales, “l’augmentation de l’âge de la retraite ne peut, à elle seule, résoudre le problème du financement des régimes (…) Pour le régime général, le report à soixante-deux ans apporterait 6,6 milliards d’euros en 2020 (sur 13 milliards de besoins), mais seulement 5,7 milliards sur un besoin total de 46 milliards en 2050.”

Une goutte d’eau, très médiatique, mais donc insuffisante. E24

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