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Aux Etats-Unis, la classe moyenne blanche commence à se regrouper dans certaines zones où règnent sécurité, propreté et calme. On ne dénombre pas moins de 286 comtés qui cumulent à la fois une croissance démographique très forte et une population blanche à plus de 90 %. Rich Benjamin, chercheur afro-américain au think tank indépendant Demos, a passé plusieurs mois à visiter ces enclaves.

Ces nouvelles incarnations du rêve américain, qui fleurissent hors des centres urbains et des banlieues, dans l’Utah, l’Idaho ou la Géorgie, baptisées par l’auteur «Mecques blanches», ou «Whitopia» attirent familles, retraités et entrepreneurs. Lotissements cossus, terrains de golf, nature, ambiance chaleureuse… et pas un Latino à l’horizon.

Fuyant «les échecs de la diversité» des grandes agglomérations, le crime et la pauvreté, ces communautés en majorité conservatrices sont aussi mues par la peur de l’immigration. «En 2042, les Blancs (non-hispaniques) ne seront plus majoritaires aux Etats-Unis. Cette statistique fait peur à beaucoup d’Américains qui optent pour le repli», explique Benjamin.

L’élection de Barack Obama, célébrée comme l’avènement d’une Amérique postraciale, a en partie voilé le développement de ces enclaves. L’isolement géographique et social de certains ghettos urbains se voit encore renforcé par cet exode blanc. Car le melting-pot américain et sa diversité ne sont pas pour autant synonymes d’intégration.

«Depuis quarante ans, ce pays a réussi à réellement améliorer les rapports entre personnes de races différentes, reconnaît l’auteur, mais il y a d’autres forces, plus difficiles à identifier, qui maintiennent la même ségrégation spatiale que dans les années 70.» affirme Benjamin.

Pour Rich Benjamin, ces enclaves blanches, nées de stratégies d’évitement, produisent un «racisme sans racistes» qu’il estime dangereux, à terme, pour la démocratie. «Pour que la démocratie puisse fonctionner pleinement, les citoyens doivent être vraiment intégrés.» Et de conclure : «La question raciale fait l’objet d’un discours spectaculaire et très émotionnel, il serait temps d’avoir un vrai débat sur les rapports entre race et pouvoir aux Etats-Unis.»

Source : Les Inrocks

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