« La France nous a lâchés ! Le sentiment d’injustice chez les jeunes des cités » de Eric Marlière (préface Laurent Mucchielli), 2008.
Présentation de l’éditeur :
«Nous, on est des pions, des bicots dans des cages à poules, ils ne savent pas quoi faire de nous. On est un peu les boucs émissaires. On nous a parqués dans des cités dortoirs avec rien. C’est normal qu’à un moment donné on fasse des conneries ».
Les témoignages empreints de désespoir, de haine et de révolte sont légions dans cet ouvrage, lequel propose un éclairage sur les dimensions politiques du sentiment d’injustice qui structure la perception du monde chez beaucoup de ” jeunes des cités “.
A partir de son observation menée sur plusieurs terrains en France, Eric Marlière analyse la nature des propos belliqueux qui animent une partie de ces jeunes.
Les relations conflictuelles avec la police, la méfiance à l’égard des travailleurs sociaux et le désenchantement vis-à-vis de l’école singularisent leur rapport aux institutions.
Leur conception de la politique est négative et hypercritique : corruption, “toute-puissance” de l’Etat, “forces obscures” (franc-maçonnerie et “sionisme”) forment une sorte de “théorie du complot” dont ils se sentent les premières victimes.
La radicalité des discours entendus fait écho au quotidien de ces enfants d’ouvriers qui n’ont plus d’emprise ni sur le présent, ni sur l’avenir. Se sentant déconsidérés et, de surcroît, stigmatisés comme les ” nouveaux ennemis de l’intérieur “, ils développent un sentiment d’insécurité dans un pays qui a pourtant vu naître la constitution des droits de l’homme et du citoyen. (source 1)
«Ils se sentent citoyens français à part entière ; c’est pourquoi le discours sur l’intégration est humiliant pour la plupart d’entre-eux », estime le sociologue. (source 2)
• Le premier chapitre aborde la question de la culture maghrébino-musulmane, un système de règles et de codes sociaux scrupuleusement respectés. Les valeurs religieuses sont diffusées dans l’espace public, ou transmises lors des rites religieux ; elles sont accompagnées de valeurs culturelles qui font apparaître certains paradoxes, comme la prohibition de l’alcool et la consommation de cannabis, ce dernier étant inclus dans une pratique d’économie parallèle.
• La seconde partie « montre en quoi les pratiques de sociabilité de ces jeunes se révèlent être un syncrétisme de la culture maghrébino-ouvrière du père, de l’islam, des traditions ruralo-maghrébines, des modes de vie acquis dans la société d’accueil » (p. 15) (source 3).
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Question : le sociologue s’est-il interrogé sur la compatibilité entre la culture “islamo-ruralo-maghrébine”, le fait d’être “citoyen français”, et «l’intégration» ? A ce sujet, relire ici