Nous sommes entrés dans un monde post-américain et les Européens sont les seuls à ne pas s’en être aperçus. C’est la principale conclusion d’un rapport publié cette semaine par le European Council on Foreign Relations, un think tank basé à Bruxelles.
Les auteurs de ce document remarqué, Jeremy Shapiro et Nick Witney, respectivement américain et britannique, estiment que la plupart des gouvernements européens se bercent d’illusions sur la « relation spéciale » qui les unit aux Américains.
Mais pour Washington, l’Europe n’a plus le même intérêt stratégique que pendant la Guerre froide. Et ce n’est pas l’élection de Barack Obama, accueillie ici avec une incroyable ferveur, qui y changera quelque chose. Le locataire de la Maison Blanche n’a aucune attache particulière avec le Vieux Continent et n’a jamais caché que l’avenir du monde se joue désormais autour du Pacifique.
Pourtant, écrivent Shapiro et Witney, les Européens continuent d’attendre beaucoup des Etats-Unis, notamment en matière de défense, sans rien leur offrir d’autre qu’un soutien souvent irréfléchi. Dans bien des cas, cette « déférence excessive » à l’égard de Washington conduirait les Etats européens à négliger leurs intérêts stratégiques immédiats.
Toute la question, qui n’est pas vraiment abordée dans le rapport, est de savoir jusqu’à quel point ils s’accommoderaient d’une Europe puissante sur le plan militaire et indépendante au point d’agir contre ses intérêts. Mais on n’en est pas encore là. Source