De deux à cinq millions de Français souffrent de “précarité énergétique”. Ce terme, qui est en train d’apparaître dans les discours officiels, désigne les foyers qui éprouvent des difficultés à se chauffer ou qui s’endettent pour maintenir une température correcte dans leurs logements.
En Europe, le Royaume-Uni est le seul pays à avoir défini une norme pour quantifier le phénomène. Tout ménage qui dépense au moins 10 % de ses revenus pour régler ses factures d’énergie est comptabilisé comme souffrant de précarité énergétique.
Entre 50 et 125 millions d’Européens seraient touchés. En France, ils sont de 2 millions à 5 millions. Sur ce nombre, 300 000 sollicitent, chaque année, les services sociaux pour les aider à régler leur facture énergétique. Le montant des aides publiques s’élève à 150 millions d’euros, une somme en hausse de 15 % par an.
Pionnier en matière de lutte contre la précarité énergétique, le département du Gers a, depuis 2004, mis en place, avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un dispositif d’aide et d’accompagnement aux travaux de maîtrise de l’énergie pour les familles en difficulté.
“Face à l’augmentation constante des besoins, nous ne pouvions plus nous contenter d’aider les ménages à apurer leurs dettes d’énergie, il nous fallait agir en amont pour diminuer leur facture et améliorer leur confort de vie“, explique Marie-José Peyrelade, directrice de l’insertion et de la lutte contre l’exclusion qui privilégie donc le préventif au curatif.
Chaque année, le département établit une cinquantaine de diagnostics thermiques, des conseils en travaux et de plans de financement. “Les aides et les actions sont plus faciles à mener chez les propriétaires occupants. Dans les logements locatifs, il faut convaincre les bailleurs d’entreprendre des travaux, or nous disposons de peu de leviers“, déplore M. Monge. “La pénurie de logements locatifs ne nous aide pas. Tout se loue quel que soit l’état, et à des prix élevés“, poursuit Marie-Pierre Etienne, qui travaille sur le logement des personnes défavorisées au conseil général.
Un tiers des dossiers aboutissent à des travaux. Dans 70 % des cas, le diagnostic thermique reste sans suite, soit parce les propriétaires ne veulent rien faire, soit parce que les familles ont déménagé. Le Monde