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Dans un ouvrage qu’ils viennent de publier, deux journalistes dénoncent le racisme dont sont encore trop souvent victimes les enseignants noirs, tant de la part de collègues, que d’élèves ou de parents. Comment lutter contre cette dérive ? Quelles sont les initiatives qui pourraient améliorer la situation ?

« Peut-on être noir et enseignant en France ? » Cette question pour le moins surprenante pourrait à elle seule résumer le livre de Serge Bilé et Mathieu Méranville. Tout au long de leur ouvrage*, les deux journalistes multiplient en effet les témoignages affligeants.

Le racisme au quotidien

« Nous avons rencontré une première institutrice qui avait contacté Serge Bilé », explique Mathieu Méranville. « Un contact en entraînant un autre, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de souffrance ». Titularisation plus difficile à obtenir, moqueries de la part des élèves qui stigmatisent l’accent ou la couleur de peau, mise en doute des compétences par les collègues ou les parents, les mécanismes sont toujours les mêmes. « Les parents ne demandent par exemple jamais un changement de classe parce que l’instit est noir. Ils souhaitent simplement que leur enfant puisse rejoindre un de ses copains dans la classe d’à côté… »

Douloureux, le constat n’est cependant pas nouveau : l’école n’a rien d’un sanctuaire épargné par les dérives qui affectent la société extérieure.

Tolérance zéro

Sans vouloir stigmatiser l’ensemble du corps enseignant, Patrick Lozès, le président du Conseil représentatif des associations noires de France, en est bien conscient. « Nous sommes souvent saisis de demandes émanant de professeurs. Ils ne veulent d’ailleurs pas s’ériger en victimes. Ils sont simplement dans une position républicaine, visant à corriger des injustices ». Dans cet esprit, il faut, pour commencer, une prise en compte du problème au plus haut niveau. « Je pense que le ministre de l’Education doit diligenter une enquête sur cette question, pour montrer à ceux qui les subissent que la société française ne supporte pas ces inégalités ».

Au-delà de cette démarche un peu symbolique, la loi prévoit des sanctions pour punir les discriminations de toutes formes, Patrick Lozès souhaite donc qu’elle soit respectée. « Sans exclure d’avoir recours à la justice civile lorsque cela est nécessaire, il convient déjà d’appliquer les procédures disciplinaires propres à l’Education nationale dès qu’une faute est commise ».

Mieux informer

Pour lutter contre les préjugés, rien ne vaut toutefois l’information. A la faveur du débat qui s’instaure sur l’identité nationale, le président du Cran aimerait donc que soient organisés dans les établissements des échanges sur l’acceptation de l’autre et sur la diversité de la société française. « Le monde de l’enseignement est à l’image de cette société. Il faut en redéfinir, ensemble, dans les écoles, une représentation à l’image de la France du XXIème siècle, avec des profs de toutes les origines, dans toutes les disciplines ».

C’est aussi le souhait de Mathieu Méranville. « Nous avons voulu toucher les problèmes du doigt, montrer qu’ils existent et que des gens en souffrent. Nous espérons maintenant que la publication de notre livre sera l’occasion d’une réflexion commune ».

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