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Thierry Brésillon est ancien rédacteur en chef du mensuel du CCFD-Terre Solidaire, photographe, «consultant», spécialisé dans la communication des ONG. S’interrogeant sur l’identité française, il passe en revue différents critères (origine, religion, mode de vie, culture, gastronomie, histoire …) et ne retient que … le passeport. Un cas aigu de masochisme ethno-culturel.

Qu’est-ce qu’être Français ? ah bon, il fallait se poser la question ? (…)

L’identité nationale donc. Un vrai piège. Faire d’une imposture la seule vérité admise, c’est le comble de la perversité intellectuelle. Il n’y a pas de bon choix. Soit on laisse le champ aux tendances pétaino-barrèsiennes où Sarkozy puise pour se construire un enracinement de Français comme un antiquaire patine un faux buffet Louis XV; (…); soit on entre dans cette catégorie et nous voilà à jouer un jeu dont l’extrême droite a dicté les règles. (…)

Ou bien République, laïcité, intégration qui démontre une capacité d’exclusion à peu près égale à l’identité nationale. (…)

Etre français. Je vais tenter de me coller à ce devoir à la maison que nous a collé M. Besson. C’est quoi ?

Une origine ? Non.

Une couleur de peau ? Non.

Une religion ? Les racines chrétiennes de l’Europe ? Dans l’un des pays les plus païens du continent, anti-clérical, majoritairement allergique à la bondieuserie, ça fait rire. Moins de 10 % de pratique religieuse chrétienne, 4 millions de musulmans, un peu moins d’un million de juifs, des bobos qui lorgnent vers le bouddhisme, des athées claironnant leur incroyance, bref. Une religion, une racine religieuse, de moins en moins. (…)

Un mode de vie ? Baguette, calendos et kil de rouge. A moins de vouloir croire aux stéréotypes, non. Mais en évitant la caricature, réfléchissons. On voit bien que sociologiquement, on trouve toute une gamme de modes de vie, que même M6 en fait une émission en s’amusant à mélanger les familles, en délocalisant une prout-ma chère du XVIe chez une poissonnière de la Canebière et inversement. (…)

Une Histoire, suis-je bête. La Révolution française, la Résistance (mânes de Guy Môquet, vacillez dans la lueur de nos bougies commémoratives !), Jeanne d’Arc, les Rois capétiens… ça y est, j’ai trouvé : une Histoire bien sûr. La grande épopée napolénienne et son million de morts à travers l’Europe, les grands massacres de la Saint-Barthélémy, la grande tuerie des tranchées, l’extermination coloniale, la gégène et les cadavres qu’on ramasse dans la Seine le 17 octobre 1961, abattus par des flics dont les plus anciens avaient peut-être envoyé les Juifs parisiens faire un tour au Vél’ d’Hiv 19 ans plus tôt… C’est Français aussi ? (…)

Que reste-t-il pour définir un Français ? De nationalité française, un passeport. Le reste, ce ne sont que des circonstances qu’on façonne à sa guise, et au gré des hasards d’une histoire familiale et personnelle. Il existe peut-être un éternel français collectif, mais en aucun cas il ne peut définir chacun des individus qui compose ce collectif.
Source : Le passe-frontière

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