La mauvaise réputation de la ligne de bus 148, qui va de Bobigny au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, en passant par le quartier des Tilleuls, n’est plus à faire. Début octobre, les bus ont été déviés des Tilleuls pendant plusieurs jours. Depuis l’agression, vendredi, d’un lycéen à coups de batte de base-ball, les bus 148 sont régulièrement escortés par les forces de l’ordre, comme la ligne 303, qui traverse Bondy et Villemomble.
« La ligne 148 ? Jamais je la prendrai ! » Jeannine, rencontrée hier après-midi dans le centre-ville du Blanc-Mesnil, est catégorique. Hors de question d’emprunter un bus où elle ne se sentirait pas en sécurité. Plutôt que de prendre « un bus à problèmes », la vieille dame préfère de loin jongler avec les autres lignes pour concocter son itinéraire maison, quitte à allonger son temps de parcours. « Rendez-vous compte, il y a tellement de soucis sur le 148 qu’il est suivi par les CRS ! » s’indigne une quinquagénaire. Une autre passagère témoigne : « J’ai déjà vu une femme se faire agresser et frapper, se souvient-elle. Et dès que les contrôleurs sont là, c’est aussi très tendu… ».
Quant au machiniste, qui fait ce métier depuis huit ans, il estime aussi que « toutes les excuses sont bonnes pour provoquer ». « En général, ce sont des adolescents de 15 à 22 ans, explique-t-il. Ils mettent la musique à fond ou chahutent bruyamment jusqu’à ce que quelqu’un fasse une remarque et là, ça dégénère ! » Pour lui, la présence policière n’est « pas une bonne chose pour autant ». « Les forces de l’ordre viennent sécuriser les bus que nous conduisons, nous portons des uniformes… Il n’en faut pas plus aux fauteurs de troubles pour nous créer des problèmes. » Chez les chauffeurs de bus, la mesure est souvent considérée comme « un pansement sur une jambe de bois ». Stéphane, qui conduisait le bus dans lequel a eu lieu l’agression, attend aussi un travail de fond. « Accompagner les bus, ça ne réglera pas le problème des Tilleuls. C’est le quartier qu’il faut sécuriser. »