Après les 0,3% enregistrés au second trimestre, le PIB a de nouveau progressé au troisième, dans les même proportions. Un “exploit”, selon Christine Lagarde, qui espère une fin d’année “sur les chapeaux de roues”. Ce sera peut-être plus compliqué…
“On réédite le même exploit qu’au deuxième trimestre. Ça me confirme dans l’idée que notre économie a vraiment pris le tournant de la reprise”. Christine Lagarde, qui s’exprimait ce vendredi depuis Singapour, est heureuse : le PIB a augmenté de 0,3% au troisième trimestre, d’après les données de l’INSEE, un taux similaire à celui observé au deuxième. A tel point que la ministre de l’Economie espère une fin d’année “sur les chapeaux de roues”. Voeu pieux ? LExpansion.com passe au crible la croissance française.
Le PIB. La France semble bel et bien sortie de la récession, mais le redémarrage, malgré les incantations de la ministre, est poussif. L’augmentation du PIB est plus faible qu’attendu, puisque le consensus des économistes anticipait une hausse de 0,5%. Elle est aussi moins élevée que chez notre principal partenaire, l’Allemagne, qui affiche un +0,7%. Enfin, elle se situe juste en dessous de la moyenne de la zone euro, qui se monte à +0,4%.
La consommation. Si la France peine à redémarrer, c’est, notamment, parce que la consommation des ménages patine. Or la consommation a été, pendant toutes ces dernières années, le principal moteur de la croissance française. Entre juillet et août, elle a été stable alors que, même au plus fort de la crise, au dernier trimestre 2008 et durant les deux premiers trimestres de cette année, elle avait continué de progresser, certes faiblement. “Il fallait s’y attendre”, note Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. “Les prix du pétrole sont repartis à la hausse, et l’emploi continue de se dégrader, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat. Et ça ne va pas s’arrêter, car le chômage va poursuivre sa hausse et, en plus, les mesures du plan de relance, comme la prime à la casse, vont s’atténuer”. Ce ne sont donc pas les dépenses des Français qui vont amorcer la reprise annoncée par Christine Lagarde.
L’investissement. Dans ce domaine, la chute observée depuis un an se poursuit : après -2,6% au premier trimestre de cette année et -1,2% au deuxième, il ressort à -1,4%. Non seulement les Français ne consomment plus, mais ils n’ont pas non plus repris leurs achats de biens durables, notamment immobiliers : leurs investissements marquent une chute de 2,9%. Ceux des entreprises baissent encore, eux aussi, même si l’ampleur de cette baisse est moindre qu’au trimestre précédent, ce qui limite la casse. Là non plus, donc, pas vraiment d’éclaircie en vue. “Les immenses surcapacités et les incertitudes sur la demande restent des freins majeurs”, réagit Cyril Blesson, de Seeds Finance, un cabinet de conseil en investissements.
Les exportations. C’est par les exportations que le salut, c’est à dire la fin de la récession, est arrivé le trimestre dernier. Après s’être contractée fin 2008-début 2009, elles poursuivent leur remontée entamée en mars, avec au troisième trimestre une progression de 2,3%. “Et encore, ce chiffre aurait pu être bien meilleur si la fréquentation touristique des étrangers, comptabilisée dans les exports, n’avait pas été si mauvaise, affichant une baisse comprise entre 15% et 30%”, note Jean-Christophe Caffet. De leur côté, les importations sont en faible hausse, si bien que le commerce extérieur contribue à la croissance à hauteur de 0,4%. Autrement dit, sans lui, l’évolution du PIB aurait été négative.
Et pour la suite ? Il n’y a donc qu’un seul réacteur susceptible de booster, à court terme, la croissance française. Or la bonne tenue des exportations doit beaucoup aux plans de relance mis en place dans le monde, notamment chez nos voisins européens, symbolisés par les primes à la casse qui ont essaimé un peu partout. “Dès qu’on enlèvera le cathéter de l’économie mondiale, on ne peut pas exclure nouveau ralentissement du PIB en France”, avance Jean-Christophe Caffet, “même si je ne crois pas à un retour de la récession dans notre pays”.