Ce Dimanche, Alexandre nous propose de découvrir un extrait de la Cenerentola de Rossini.
I/ Quelques Mots sur l’Auteur:
Gioacchino Rossini est un compositeur italien né à Pesaro en 1792 et mort à Paris le 13 Novembre 1868.
Musicien prodige et prolifique, il est parfois appelé le Mozart Italien. Il démarre ses études musicales à 14 ans et a déjà à 21 ans une dizaine d’opéras représentés sur scène à son actif. Il est vrai qu’il est capable d’écrire un opéra en deux semaines (Le Barbier de Séville).
C’est un personnage très “Falstaffien”, grand amateur de banquet, de bon vin et de femmes, il est doté en outre d’un grand sens de l’humour que l’on retrouve dans ses pièces.
Dans un XIXème siècle très mouvementé, ses pièces, très joyeuses, vont distraire toute la bonne société européenne, les nobles comme les bourgeois.
II/ Quelques mots sur l’Oeuvre:
“La Cenerentola” (= Cendrillon) est basé sur le célèbre conte populaire fixé plus tard par Perrault et Grimm.
Dans un chaâteau tombant en ruine, la petite Cendrillon sert d’esclave à ses deux demi-sœurs et son beau père. Le Prince invite les femmes du royaume à son château pour un grand bal au cours de laquelle il choisira son épouse mais Cendrillon n’est pas autorisée par son beau-père à participer. Après moult péripéties, Le Prince choisit définitivement Cendrillon.
Il est à noter que dans la pièce de Rossini, tout le merveilleux du Conte est évacué. Point de Sorcière et de citrouille se transformant en carosse, c’est le Précepteur du Prince qui permet à Cendrillon d’aller (discrètement) au bal.
Rossini fait disparaître dans cette pièce les éléments merveilleux pour y introduire à la place des éléments comiques.
III/ L’extrait que vous allez voir:
Il s’agit d’un extrait du (superbe) film de Jean-Pierre Ponelle sorti en 1981.
Dans cet extrait, le Prince Ramiro vient annoncer à la famille de Cendrillon qu’il les invite au grand bal du château au cours de laquelle il choisira son épouse, sauf que…
pas fou, le Prince Ramiro a échangé sa place de Prince avec son Valet Dandini afin de mieux “tester” les filles de son royaume!
Dans cette scène, le “Prince” est en fait son valet Dandini déguisé en Prince tandis que le faux-Valet/vrai Prince lui sert de porte-manteau pendant que le faux-Prince/vrai-Valet profite joyeusement de la situation pour draguer outrageusement (le terme n’est pas trop osé) les 2 filles présentes.
En face de lui, Don Magnifico (notez le caractère ridicule du prénom) fait parader ses deux filles comme des oies devant le faux Prince pour mieux lui faire admirer leurs “attraits”.
Cendrillon elle même n’est pas présente dans l’extrait, elle est envoyé juste avant à la cuisine pour faire les casseroles…
IV/ Ce qui est dit dans cet extrait:
Je ne peux pas vous écrire toutes les paroles (ça pendrait trop de place) mais voici les élements clefs disposés de façon chronologique:
1) le coeur des Valets annonce que pour le bien du Royaume, le Prince doit vite choisir une épouse pour ne pas que cette lignée s’éteigne.
2) Arrivée du faux-Prince, sublimement ridicule, début de l’air principal:
“Comme une abeille aux jours d’Avril,
je vole, légère et mutine,
je passe du Lys à la Rose
cherchant en vain une douce fleur pour moi.
“Ainsi parmi les Belles, je vagabonde,
j’en ai déjà goûté beaucoup,
mais n’ai trouvé aucun esprit, aucun visage,
aucun morceau de choix pour moi”
3) Don Magnifico envoit ses deux filles parader devant le faux Prince qui les courtise et s’amuse fort en déclarant joyeusement, à la surprise des filles qu'”elles sont aussi jolies que leur père” (“Son tutte Papa!”)
4) A plusieurs reprises, Le faux Prince s’approche de Ramiro (le vrai prince) pour lui demander en rigolant “Dico bene? Dico bene?” (“je dis ce qu’il faut?”) tandis que le vrai Prince lui répond de s’en tenir à son rôle et d’arrêter de faire l’imbécile! (“Bestia!!”)
5) Le faux Prince s’adresse au spectateur face à la caméra dans un air rapide en répétant avec un air faussement affecté “Toute cette comédie va finir en tragédie”! Il est finalement rejoint par toute la foule qui part pour le château.
V/ Quelques remarques:
L’intérêt de cette scène est qu’elle montre parfaitement ce qu’est un “opéra-bouffe” (de “buffone” à savoir bouffon, comique, ridicule.)
Il s’agit d’un type d’opéra très en vogue à l’époque de Rossini car il permet de divertir la bonne société bourgeoise. Les Reines, Rois, Dieux, de l’opéra “aristocratique” baroque ont disparu pour laisser place à des thématiques plus bourgeoises, légères, avec des histoires de filles à marrier. (résumé très grossier)
C’est un peu l’équivalent musical du “théâtre de boulevard” et autre “Ciel, mon mari!” du XIXème avec mari, amant, portes qui claquent et filles en chemise dans les placards de l’épouse, la qualité en plus bien sûr.
En ce qui concerne l’extrait en lui même, voyez la façon dont le metteur en scène a tiré parti de tous les élements à sa disposition. Remqrquez comme la musique et les gestes des acteurs sont synchronisés (la façon dont les valets déroulent le tapis au début par exemple.)
Les costumes sont (à peu près) crédibles d’un point de vue historique tout en gardant un côté “décalé” qui empêche de se prendre au sérieux. Ici, on s’amuse!
Le faux Prince a tout l’air d’ un bon gros bourgeois du XIXème amateur de jeunes filles (regardez la façon dont il “avance” vers les filles en les scrutant avec son monocle!) tandis que son gros manteau en fourrure et chapeau lui donne un petit côté maquereau de Las Vegas.
Admirez la façon dont les filles paradent devant lui en “battant des seins” en cadence sur la musique ou le fait que le faux Prince, après avoir (outrageusement) vanté la beauté des filles de Don Magnifico met finalement sa rose entre les mains de ce dernier!
Il y a baucoup de choses à admirer dans cet extrait donc je vous laisse profiter de la musique et de la mise en scène.
VI/ Conseil d’écoute:
La scène fait environ 6 minutes mais est à mon sens facile à suivre, le jeu des acteurs et la mise en scène sont en effet assez explicites.
Je vous conseille en revanche de lire au moins la partie IV afin de mieux comprendre les paroles et les jeux de scène.
La vidéo paraît “coupée” un peu brutalement, de mémoire ils enchaînent sur un autre air ensuite (un peu comme au début de l’extrait, la coupure est un peu hasardeuse.)