Avec la crise, la consommation mondiale d’électricité et de gaz atteint des baisses de niveaux historiques – respectivement – 3,5 % et – 3 % pour l’année 2009.
La plupart des grands opérateurs sont obligés de réduire la voilure. C’est l’un des principaux enseignements de l’Observatoire européen des marchés de l’énergie, publié [le 25 octobre 2009].
«À court terme, ces entreprises repoussent – voire annulent – leurs investissements dans des projets d’infrastructures, tout en procédant à des cessions d’actifs», souligne d’emblée Colette Lewiner, directrice internationale du secteur énergie, utilities et chimie chez Capgemini.
EDF constitue ainsi un bon exemple. Après un exercice 2008 très offensif – avec notamment l’acquisition de British Energy pour plus de 14 milliards d’euros -, le groupe français cherche aujourd’hui avant tout à se désendetter. Il espère bien boucler au premier trimestre 2010 la vente de son réseau de distribution en Grande-Bretagne et en retirer 4 milliards d’euros.
Il est loin d’être le seul à vouloir s’alléger : l’Observatoire met en exergue que la dette cumulée des dix principaux groupes d’énergie s’élevait à 213 milliards d’euros en 2008, soit une progression de 113 % depuis 2006.
La situation ne devrait guère s’améliorer dans les prochains mois. La baisse de la consommation et des prix devrait durer et inciter les opérateurs à la prudence.
Par exemple, des leviers de développement comme les énergies renouvelables sont très pénalisés. L’Observatoire note que, en 2008 déjà, les investissements dans l’énergie durable en Europe (renouvelable et efficacité énergétique) avaient augmenté beaucoup moins vite (2 %) que durant les années précédentes, marquées par un taux annuel moyen de 56 %. «Sur le deuxième trimestre 2008, les investissements dans le renouvelable ont chuté de 14 % par rapport au deuxième semestre 2007, pour s’établir à 21,2 milliards de dollars».
Comment reprendre un peu de souffle ? En marge des mesures prises à court terme pour restaurer la confiance des investisseurs, l’Observatoire note que les fournisseurs d’énergie doivent s’adapter aux changements de la réglementation européenne, notamment au paquet énergie-climat. Intensifier les moyens de production n’émettant pas de CO2 s’inscrit dans ce cadre, de même que mieux maîtriser la consommation d’énergie en optimisant les nouvelles technologies telles que les compteurs ou les réseaux intelligents. En toile de fond, l’enjeu est «la création d’une nouvelle relation avec les clients».
En attendant le retour de la croissance, les opérateurs se trouvent de toute façon à un virage stratégique. «Dès lors où l’énergie est une industrie lourde, les investissements se planifient à long terme», analyse Colette Lewiner. «La sécurité d’approvisionnement passe en particulier par la poursuite des investissements dans les infrastructures gazières (terminaux méthaniers, stockages et gazoducs) ainsi que dans l’exploration production en mer du Nord et dans l’Arctique.»