Si vous habitez les Pays-Bas, mieux vaut rouler en vélo qu’en voiture. Car le pays va taxer les kilomètres parcourus par les automobilistes. Objectif, réduire les rejets de Co2, et pousser les Néerlandais à se passer de leur voiture. Dès l’entrée en vigueur en 2012, la taxe au kilomètre sera de 3 centimes, pour atteindre 6,7 centimes en 2018. Les autorités néerlandaises espèrent ainsi une baisse de 10% des rejets de Co2.
Big Brother est néerlandais et travaille pour la bonne cause, celle de l’environnement : le système qu’il vient de mettre au point permettra, espère le gouvernement de La Haye, de faire baisser de 15 % le chiffre des kilomètres parcourus dans le royaume, chuter de 7 % le nombre de morts sur les routes et diminuer de 10 % les émissions de CO2 et de particules fines. Face à de telles promesses, seuls les populistes et les ultralibéraux osent se montrer critiques. Quant au parti écologiste, il se contente de demander que le projet entre plus vite en vigueur et aille plus loin.
Le tarif devrait être modulé en fonction des routes empruntées et des différents moments de la journée – heures de pointe ou non. La taxation tiendra aussi compte du type de véhicule, avec un bonus pour les plus “propres”. Les voitures seront toutes équipées d’un boîtier de type GPS, acquis grâce à une prime gouvernementale. Connecté à un satellite, le boîtier renverra ses informations (localisation, distance parcourue) à un centre de calcul, via des portiques de détection.
Les véhicules seront équipés d’un GPS qui calculera les kilomètres parcourus, et les données seront envoyées à un bureau d’encaissement qui établira la facture. Et attention, un système sera mis au point aussi pour les véhicules étrangers. A ce stade, quelques juristes seulement émettent des inquiétudes quant à l’utilisation des données collectées par les boîtiers embarqués à bord des voitures.
En échange le ministre des Transports annonce que l’impôt sur l’achat de véhicule neuf va disparaître. “Actuellement, quand vous achetez une voiture moyenne, vous payez un impôt de plus de 10 000 euros”, explique Camiel Eurlings.
En plus de cet impôt, ce qui va disparaître ce sont aussi les bouchons. Les autorités l’espèrent en tout cas si les Néerlandais circulent moins pour payer moins. Du côté des automobiles-club, on est plutôt favorables à cette initiative, qui sera bonne pour l’environnement.
La formule miracle est appelée kilometerheffing (taxation au kilomètre) des automobilistes. Elle a été dévoilée, vendredi 13 novembre, par le ministre des transports, Camiel Eurlings, figure montante du parti l’Appel chrétien-démocrate (CDA). Ce jeune responsable avait pourtant ferraillé contre les projets du Parti du travail visant à taxer les usagers en fonction de leur kilométrage.
Le ministre a annoncé que le nouveau mode de taxation se substituerait à tous les autres impôts frappant l’automobiliste néerlandais. C’est ce qui lui a permis de recueillir le soutien des groupements d’usagers. Selon le ministère des transports, 60 % des conducteurs devraient voir leur facture globale allégée grâce au nouvel outil. Les autres se consoleront en roulant sur des voies moins encombrées : “Les files seront réduites de moitié à l’horizon 2020,” promettent les auteurs du projet.
Le plan néerlandais est, à ce jour, le plus ambitieux au monde. Seul Singapour, jusqu’ici, a instauré la taxation au kilomètre. La Grande-Bretagne y a renoncé, se contentant d’un péage urbain à Londres. L’Allemagne, imitée par l’Autriche, taxe les poids lourds grâce à un système GPS. La mise au point de ce dernier s’est avérée très complexe, ce qui jette un doute sur les délais envisagés par les autorités néerlandaises. Euronews et Le Monde