Cela saute aux yeux, dès qu’on s’aventure dans les quartiers pauvres de l’Amérique, à Washington même, mais le drame est maintenant aussi chiffré : 49 millions d’Américains (1 sur 7) vivent dans “l’insécurité alimentaire”, indique le dernier rapport du ministère de l’Agriculture, pour l’année 2008.
Une augmentation de 13 millions par rapport à 2007.
Parmi ces 49 millions d’Américains mal nourris, un tiers sont obligés de sauter des repas faute d’argent, distingue le rapport.
Deux tiers ont généralement assez à manger, mais ils doivent se contenter des produits les moins chers, visiter les soupes populaires ou demander des bons alimentaires.
Un nombre record de 36 millions d’Américains collectent maintenant ces bons alimentaires distribués par les pouvoirs publics.
Un nombre record d’enfants aussi souffrent de carences alimentaires : près de 17 millions d’enfants américains (22% des enfants) vivent dans des foyers où la nourriture manque, plus ou moins souvent.
Les foyers les plus vulnérables sont encore une fois ceux des mères célibataires : 37% souffrent “d’insécurité alimentaire”, montre ce rapport.
L’origine des parents reste aussi un facteur essentiel : 29% des ménages hispaniques entrent dans la catégorie “insécurité alimentaire”, contre 27% des ménages noirs et 12% des ménages blancs.
La cause essentielle de cette nouvelle aggravation est bien sûr le chômage, qui frappe maintenant 10,2% de la population active (et encore, le taux de chômage était de 7% en décembre 2008 quand cette étude a été réalisée, ce qui signifie que les chiffres ont certainement empiré depuis).
Ce rapport est une “grande chance de mettre ce problème en lumière” a malgré tout assuré le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack. L’administration Obama, qui a promis de mettre fin à la malnutrition enfantine d’ici 2015, espère maintenant convaincre le Congrès de débloquer de nouveaux moyens, pour lutter contre le chômage, et la faim en Amérique.
Même les militants, qui aident à nourrir les plus pauvres et connaissent bien le problème, se disent “atterrés” par ces nouveaux chiffres. Ainsi Vicki Escarra, présidente de Feeding America : “C’est impensable. On dirait que nous vivons dans un pays du Tiers Monde”.