La situation des acquéreurs de biens immobiliers demeure très difficile aux États-Unis, à en croire la dernière enquête de la “Mortgage Bankers Association.” Les chiffres font frissonner. Un prêt hypothécaire sur sept est maintenant considéré comme défaillant : en retard, ou carrément en défaut.
Un sur sept, c’est-à-dire quatre millions de propriétaires ! S’il existe un risque de rechute aux États-Unis, c’est celui-là. En données ajustées des variations saisonnières, le taux de défaillance des prêts hypothécaires a augmenté de 40 points de base au troisième trimestre, par rapport au deuxième (+265 points de base sur un an) pour atteindre 9,64% (9,94% en données non ajustées).
Depuis le début de 2008, près de deux millions de ménages ont perdu leur foyer, ou sont sur le point de le perdre. La crise financière a souffert de cette crise immobilière, qu’elle avait d’ailleurs causée elle-même : on a prêté de l’argent à tout ce qui bouge, et la propension des Américains à vivre au-dessus de leurs moyens a fait le reste.
Ce taux dépasse ainsi le record affiché le trimestre précédent et atteint le niveau le plus élevé au moins depuis 1972, date du début de cette série statistique. Par ailleurs, le taux de prêts hypothécaires dans des processus de saisies immobilières s’est monté à 4,47%, en croissance de 17 points de base en rythme séquentiel et de 150 points de base en comparaison annuelle.
Vous voulez réhypothéquer votre maison à 100 % pour financer cotre train de vie ? Pas de problème ! En passant, le taux d’intérêt sur votre prêt va bondir à la fin de l’année… mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, profitez-en ! Avec ça, pourquoi pas un petit prêt supplémentaire pour cette croisière dont vous rêvez depuis longtemps ?
Résultat : les États-Unis sont encore très vulnérables.
L’économiste Pierre Fortin, de l’Université du Québec à Montréal, soulignait récemment que la récession américaine est l’une des pires depuis la Grande Dépression. Mais si les Américains continuent de s’enfoncer… Ben Bernanke prévoit maintenant de maintenir au plancher le taux d’intérêt de la Fed jusqu’en 2012, et ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle.
En tous cas, il faudra surveiller les marchés boursiers. On ne pourra pas éternellement caracoler en avant sans se soucier de l’état de l’économie réelle.
BFM et Les Affaires