Selon le Conseil mondial de l’or, la demande physique recule. Les prix sont donc soutenus par les marchés financiers.
A plus de 1.150 dollars l’once, le cours de l’or s’est envolé de plus de 60% en un an et dépasse ses propres records historiques chaque jour. Mais pourquoi une telle hausse ? La réponse du Conseil mondial de l’or est claire : la spéculation.
Selon un rapport publié par le World Gold Council, la demande physique d’or a diminué de 34% au troisième trimestre par rapport à l’an passé. A l’inverse, les prix de l’or ont progressé d’un trimestre sur l’autre. Ainsi, les records des prix du métal jaune détournent les flux d’investissement et les achats de bijoux dans des marchés clés comme l’Inde et le Moyen-Orient.
La demande du secteur indien de la joaillerie a ainsi chuté de 42% au troisième trimestre à 111,6 tonnes, tout comme celle du Moyen-Orient qui baisse de 34% à 69 tonnes. A l’inverse, la demande a augmenté de 10% en Chine continentale, à Hong-Kong et à Taiwan, à 128,6 tonnes. En outre, la demande pour des produits d’investissement au détail comme des pièces et des lingots a diminué de 31%, et la collecte des fonds indiciels cotés (ETF) a chuté de 72%. En parallèle, l’offre d’or à l’échelle mondiale ressort également en repli, de 5%.
Sur le trimestre précédent, la bonne tenue des cours de l’or est donc à mettre à l’actif de la spéculation sur les marchés à terme. «Les achats d’or semblent être davantage tirés par les marchés financiers, par des instruments moins visibles comme les dérivés, les futures et les transactions de gré à gré», confie Rozanna Wozniak du Conseil mondial de l’or.
Outre la baisse du dollar ou les craintes inflationnistes, la hausse des cours de l’or s’explique aussi, comme le souligne Patrick de Fraguier, responsable de la stratégie chez Crédit Agricole AM, par une hausse «des réserves de change» dont l’accumulation «accroît mécaniquement la demande d’obligations et d’or». Les anticipations de nouveaux achats d’or par les banques centrales qui souhaitent diversifier leurs réserves, soutiennent également les cours du métal noble. Rappelons que début novembre, l’achat de 200 tonnes d’or par la banque centrale indienne au FMI a provoqué un nouvel accès de fièvre sur le marché. Le stratégiste ajoute que les cours du métal profitent de la création globale de liquidités. En l’état actuel, la hausse des prix de l’or ne semble donc pas près de s’arrêter.