Endettement, chute des revenus, récoltes historiquement faibles sans effet sur les cours: les viticulteurs ont manifesté mercredi à Montpellier à l’appel du Syndicat des vignerons du Midi, pour réclamer des mesures destinées à sortir leur secteur d’une crise qui dure depuis plusieurs années.
“Nous sommes ruinés,” affirme tout de go le président du Syndicat, Philippe Vergnes, selon lequel les viticulteurs perdent aujourd’hui 1.000 euros à l’hectare. La crise n’a cessé d’empirer depuis 5 ans avec notamment une baisse cumulée des cours du vin, la baisse des volumes récoltés et celle des volumes commercialisés, et en parallèle une hausse des charges.
Logiquement, avec les niveaux de vendanges faibles de 2007 (14 millions d’hectolitres) et de 2008 (12,5 Mhl), – celles de 2009 n’atteindront même pas les 12 Mhl – les cours des vins auraient dû remonter. Mais “il n’y a pas eu la hausse des cours qu’on aurait pu espérer,” commente M. Vergnes.
Résultat, les revenus nets des viticulteurs ont chuté, de façon même spectaculaire entre 2007 et 2008: -88% dans l’Aude, -76% dans le Gard, -85% dans l’Hérault, selon M. Vergnes, statistiques confirmées par Agreste, site du ministère de l’Agriculture. Selon cette étude, en Languedoc-Roussillon, l’évolution des revenus nets des entreprises agricoles est négative entre 2007 et 1991 (-3,3%).
“On ne vit plus de notre métier,” déplore le syndicaliste. “Tous les vignerons doivent des sous à la Mutualité sociale agricole, à la banque ou à leurs fournisseurs.”
Certains ont choisi d’exprimer leur colère par la manière forte. Ainsi le Comité régional d’action viticole (CRAV) a fait exploser récemment des engins artisanaux dans des centres d’embouteillage, dans l’Hérault, ou chez des négociants, accusés de tirer les prix vers le bas.
Des mesures urgentes sont indispensables. Pas celles annoncées par le président de la République en faveur de l’agriculture, d’un montant de 1,5 milliard d’euros, “qui ne sont plus adaptées” à la viticulture. Mais au moins l’obtention d’une part des aides attribuées aux agriculteurs dans le cadre de la Politique agricole commune. Rien que pour les viticulteurs du Languedoc-Roussillon, le plus grand vignoble de France, ces aides porteraient sur 75 millions d’euros.
Les marges pratiquées par la grande distribution sont aussi dans sa ligne de mire. “J’ai entendu Nicolas Sarkozy dire que c’était “inacceptable. J’espère que derrière ces bonnes paroles, il se passera quelque chose pour une meilleure répartition de la marge,” commente-t-il.
Les viticulteurs évoquent aussi la question du “regroupement” de leur offre, aujourd’hui éparpillée entre des centaines de caves coopératives et autant de caves particulières, face à seulement 5 centrales d’achat.
(Merci à Λεωνίδας)