En permettant à tous les hommes de communiquer librement entre eux, et en leur offrant un accès égal au savoir, le Net peut sauver le monde. Mais tout autant s’autodétruire, s’il laisse proliférer la vague d’immondices qu’il colporte en toute impunité. A transformer l’info en intox, la création en dérision, l’humeur en rumeur, il finira par perdre toute crédibilité.
Alain Duhamel, ce voyant voyeur de l’actu politique, dénonce déjà une «machine à fabriquer des polémiques». Je serai moins «politically correct» : jamais les médias n’ont disposé d’un tel outil de calomnie. De la diffusion du faux SMS de Cécilia «si tu reviens, j’arrête tout» aux images intimes de Laure Manaudou, que de vilenies jetées en pâture à la vindicte populaire. Et jusqu’où ira cette immunité dans le dénigrement si nous n’y mettons pas le holà ?
Le temps de la cyberéthique a sonné. Déjà Nathalie Kosciusko-Morizet, que nul ne peut traiter de netophobe, prépare pour 2010 «un droit à l’oubli». Il permettra à tout internaute de limiter ses traces sur la Toile. De son côté, Libération a prié les blogueurs de se garder de leur propension au publi-rédactionnel déguisé en blog.
Les marques ne sont pas en reste : elles nous traquent, épiant nos conversations, décryptant nos habitudes, nos attentes et nous mettant en fiches. Au point que les instances nternationales (la Cnil en France) prévoient, dans les mois qui viennent, d’instaurer un code de bonne conduite. Dont acte. Aimer le Net, c’est le protéger de lui-même en dénonçant ses vices pour mieux préserver ses vertus et lui assurer une liberté pérenne.
Source : Direct Soir, 26/11/2009