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Edition Spéciale : Suite aux résultats du référendum en Suisse, Alexandre a décidé de changer in extremis l’article Dimanche Desouche Musique de ce Dimanche.
L’extrait présenté est un extrait du Te Deum de Jean-Baptiste Lully.

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I/ Quelques Informations sur l’Auteur:

Jean-Baptiste Lully est né Giovanni Battista Lulli à Florence en 1632 et mort à Paris en 1687.
Il est l’un des multiples artistes hébergés et protégés par le Roi Soleil. Durant sa jeunesse, le futur Louis XIV est constamment menacé par la maladie, les révoltes parlementaires et nobiliaires. Il est aussi très encadré/protégé par sa mère Anne d’Autriche et l’habile Mazarin qui gèrent à sa place les affaires du Royaume. Jusqu’à ses 22 ans, le seul domaine dans lequel Louis a un peu de liberté est celui des arts. Par l’accueil et la promotion d’artistes le mettant favorablement en scène (danse, musique…), le futur Roi essaye de trouver tant bien que mal sa place dans une Cour qui pour l’instant lui en laisse trop peu à son goût.

Lully est un de ceux-là. Sa musique n’existe que grâce au Roi, son talent ne peut s’exprimer qu’avec son soutien. Lully le sait. Courtisan habile, il mettra tout son talent pour plaire et servir le Roi Soleil. Lully mourra des suites d’une blessure au pied avec son bâton d’orchestre: à l’époque, les chefs d’orchestres ne dirigeaient pas face à l’orchestre avec une baguette mais face au public (le Roi), en battant la mesure avec une lourde canne ferrée contre le sol.


II/ Qu’est ce qu’un “Te Deum”?

Initialement, le “Te Deum” est un chant chrétien de remerciement à Dieu chanté lors de certains offices. Voici une traduction approximative des premières lignes du Te Deum pour vous donner une idée:

“À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.

Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.”

Toutefois, dans la vie de Cour de Louis XIV, le Te Deum prend également un rôle politique. Il est donné dans tout le Royaume lors des célébrations publiques pour chaque baptême, mariage, guérison du Roi et surtout ses victoires.

Dans la capitale, on peut même parler de “superproductions”: on dénombre dans certains cas plus de 150 musiciens (chiffre considérable pour une époque où la notion d’orchestre est encore vague), des peintures, des tapisseries sont tendues pour l’occasion pendant que des centaines de bougies illuminent Notre-Dame et que le Roi chevauche à travers Paris accompagné par la Noblesse jusqu’à la Cathédrale.
Rien n’est trop beau pour remercier Dieu qui protège le Roi et la France!

III/ L’extrait que vous allez entendre:

Il s’agit des 5 premières minutes du Te Deum. Ce Te Deum de Lully dure en version intégrale près de 45 minutes et comporte 4 mouvements.

Ce Te Deum a été écrit par Lully pour le baptême de son propre fils. Cela peut paraîre orgueilleux, mais le fils de Lully ayant pour parrain Louis XIV en personne, cet enfant n’était pas tout à fait comme les autres.

IV/ Quelques remarques musicales:

Il y aurait tellement de choses à dire!
Gardons à l’esprit que le Te Deum, oeuvre religieuse à la base, a acquis sous Louis XIV un sens politique. On remercie Dieu des bienfaits qu’il a fait aux Roi, mais la forme, l’esthétique de la cérémonie servent aussi à impressionner les courtisans, le peuple et les ambassadeurs des autres cours d’Europe.

Ceci permet de mieux comprendre la chose suivante: on trouve dans cet extraits des élements à la fois sacrés et profanes. Cela s’explique par le “double sens” de cet oeuvre.

Ainsi:

Pendant les deux premières minutes, le chant sacré de remerciement “Te Deum, Laudamus…” est ABSENT, alors qu’il s’agit du sujet principal!

De plus, un instrument sacré essentiel, l’orgue d’église, généralement utilisé au premier plan, est certes ici présent dès le début de l’oeuvre mais de façon quasi inaudible! Il joue à l’arrière plan sonore dans le sillage des cordes et il faut vraiment prêter l’oreille pour le trouver!

En fait, ce qui frappe dès le début, c’est tout le côté quasi martial de l’orchestration: trompettes sonnant de façon brillante, tambours et timbales martelant de façon dynamique, donnent un côté grandiose à l’oeuvre.

Le texte sacré fait son apparition un peu avant la deuxième minute. Il est chanté par plusieurs chanteurs ou groupes de chanteurs qui alternent à la fin de chaque phrase. C’est assez intéressant car si l’on oublie les paroles religieuses, cela ressemble plus à une oeuvre profane de type “opéra”.

Il y aurait beaucoup de choses à dire mais s’il faut en retenir une qui me parait essentielle, c’est le caractère dual, à la fois sacré et profane de l’oeuvre: c’est dans le fond un remerciement à Dieu mais dans la forme une oeuvre faite pour frapper les contemporains par sa pompe et son côté grandiose.
Une autre interpétation possible serait la suivante: Le Roi étant selon la doctrine de l’époque le Lieutenant de Dieu sur Terre, il est normal de lier lz musique sacrée (le Te deum) et la musique profane (le caractère militaire, assez proche des fanfares de Court) puisque le pouvoir spirituel légitimise le pouvoir temporel et que le pouvoir temporel protège le pouvoir spirituel.

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