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Une porte-parole du Trésor américain, Meg Reilly, a annoncé, dimanche 29 novembre, que le gouvernement imposera aux banques et aux organismes de crédit “des mesures supplémentaires de transparence et de responsabilité financière” pour les amener à réduire le nombre des emprunteurs immobiliers insolvables, qui menace de gonfler démesurément.

MAISONS HANTEES - Sur les pancartes : SAISIE (Scène d'Halloween)

Dans le débat sur l’efficacité des mesures de l’administration Obama pour surmonter “la pire crise économique depuis la Grande Dépression”, un nouveau front s’est en effet ouvert : à quoi ont servi les 75 milliards de dollars (50 milliards d’euros) du programme dit de “modification de l’accession à la propriété” alloués à l’aide des familles menacées d’expulsion ?

Dans un entretien au New York Times, le secrétaire adjoint au Trésor chargé des institutions financières, Michael Barr, a admis que seule une infime part des emprunts a été renégociée, alors que les sommes dégagées par l’Etat fédéral étaient censées subventionner ces institutions pour qu’elles réduisent le montant des remboursements mensuels.

Or une mission désignée par le Congrès a conclu en octobre que sur les 500 000 dossiers de refinancement de crédits immobiliers ouverts depuis que la loi de sauvetage financier a été votée, en février, seuls… 2 000 ont abouti. Les autres restent “à l’étude”. M. Barr a mis en cause la “mauvaise volonté” des banquiers. Le gouvernement, a-t-il menacé, usera désormais de l’arme de “la honte” pour les forcer à modifier leur comportement.

Pour Barack Obama, le sujet devient urgent.

Son échec à diminuer le nombre des saisies d’appartements est dénoncé par la gauche démocrate comme une faillite politique. Il n’aurait pas dû croire que le secteur financier jouerait le jeu, clame cette frange de l’opinion. Il aurait dû nationaliser réellement le secteur bancaire, même temporairement, pour lui imposer sa volonté politique.

La droite républicaine, elle, part d’un constat identique – l’utilisation inefficiente des deniers de l’Etat – pour récuser la logique intrinsèque du gigantesque plan de dépenses et exiger que soit mis fin à la “gabegie” des fonds publics.

Lorsqu’il fut voté, en février, le plan du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, prévoyait d’octroyer 50 milliards de dollars au maintien dans leur habitat d’un demi-million de foyers américains en difficulté (sur les 3 millions dans ce cas).Dix mois plus tard, le taux de chômage est passé aux Etats-Unis de 8 % à 10,2 %.

La perte d’emploi étant la première cause d’insolvabilité, les dernières estimations font état de 4 millions d’emprunteurs immobiliers insolvables. Courant derrière la réalité, le Trésor indique que son plan concerne désormais 650 000 foyers.

Aujourd’hui, 14 % des détenteurs d’un prêt immobilier sont soit déjà menacés de saisie, soit en retard de paiement. Selon une étude de First American CoreLogic, un centre de données immobilières, un emprunteur sur quatre est “sous la ligne de flottaison” : vu l’effondrement des prix, même en revendant leur bien, 10,7 millions de foyers ne pourraient couvrir le montant de leur emprunt s’ils devenaient insolvables. Par endroits (Nevada, Floride, Californie, Arizona, Géorgie, Virginie, Michigan), ce taux navigue entre 40 % et 65 % !

Le Trésor a donc porté à 75 milliards de dollars le montant alloué pour aider les emprunteurs. Pour un résultat, à ce jour, quasi nul.

Initialement, le plan Geithner imposait que toute banque ou institution financière soutenue par l’Etat s’engage au préalable dans un programme de soutien aux emprunteurs insolvables. Ses engagements devaient être accessibles au public sur Internet.

Ces dispositions semblent s’être envolées une fois l’argent parvenu : banques et caisses d’épargne continuent d’imposer de lourdes pénalités au premier signe de difficulté de l’emprunteur à rembourser ses créances. Elles “n’auront plus 1 centime tant qu’elles n’avancent pas”, assure M. Barr, pour qui le secteur n’a pas respecté ses engagements : “Certaines grandes banques refusent de mettre en oeuvre ce qui est exigé d’elles”, ajoute-t-il.

La gestion du dossier nécessite “une nouvelle approche”, admettent anonymement des responsables du dossier à la Maison Blanche, qui annoncent “une pression accrue” sur les organismes financiers.

Ainsi, une initiative prise en Pennsylvanie pourrait être adoptée par la Maison Blanche : avant de lancer une mesure d’expulsion, les banques devraient se soumettre à l’arbitrage du tribunal qui vérifierait si elles ont au préalable tout mis en oeuvre pour l’éviter.

Le Monde

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