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Est-il possible de penser à contre-courant ? De ne pas souscrire aux idéologies ressassées quotidiennement ? De débattre de sujets qui fâchent ? Un article d’Agoravox fait un bilan lucide de la situation d’autocensure qui prévaut dans tous les domaines.

Nul n’est besoin d’être particulièrement féru en psychanalyse pour comprendre, dans les grandes lignes, et ce sera largement suffisant pour les besoins de la pédagogie, ce qu’est la schizophrénie, du grec ancien skizein, couper ou fractionner, et phrêne, l’esprit.

L’esprit est en quelque sorte fractionné, et cette cassure altère votre vision de la réalité.

Par exemple, vous voyez un cercle, et tout le monde voit ce même cercle, mais celui qui dira que c’est un cercle se verra traîner devant les tribunaux, il paiera une très forte amende, il perdra éventuellement son emploi dans la foulée, voire ira carrément en prison.(…)

C’est ainsi, par exemple, que si certaines communautés sont auteurs avérés d’incivilités (euphémisme journalistique schizophrénique en vigueur pour désigner ce qui, très souvent, ne sont même pas des délits mais purement et simplement des crimes), on omettra d’indiquer le nom de ces communautés impliquées, lesquelles risqueraient de se sentir «stigmatisées», pour employer le vocable consacré.

À cet égard, les journaux raffolent de ces renvois infrapaginaux étoilés : les prénoms ont été changés.

Mais, a contrario, si ces mêmes communautés sont les victimes d’un fait divers, on se gargarisera à l’envi de leur appellation, on vous en rebattra les oreilles, et l’on tentera très souvent de démontrer un lien de cause à effet entre ces deux données.

Dans cette cécité intellectuelle manifeste, il appert donc clairement que certaines victimes sont plus victimes que d’autres : un seul autochtone a-t-il été défendu, ces trois dernières décennies, par une association antiraciste ?

Ces très fameuses associations sont d’ailleurs, par essence, contradictoires : d’un côté, elles dénoncent ce qu’elles estiment être une irrégularité sociétale, mais de l’autre, elles touchent des subventions, faisant ainsi vivre leurs animateurs, lesquels, pour rien au monde, ne voudraient voir résoudre la difficulté en question puisque la résolution du problème invaliderait, ipso facto, la légitimité de ces mêmes associations, et donc leur existence, et donc les subventions qui vont avec. (…)

Il résulte de cette hypocrisie consciente, tacite et obligée, une intériorisation des opinions. Et comment en serait-il autrement puisque la société les a judiciarisées ? (…)

C’est évidemment une très grave erreur sociétale que celle d’imposer silence à ce degré aux citoyens (de les forcer à entrevoir les choses avec une autre portion de leur cerveau fêlé que celle qui voit plus objectivement la réalité), car alors, tout est pensé intérieurement mais rien n’est dit, tout est transmis par regard, silence ou sourire discret, mais rien n’est exprimé.

C’est pour cette raison que les extrêmes sont presque inévitables dans ces conditions de crispation généralisée, et, je le répète, exponentielle.Car ils sont comme la seule possibilité pour les citoyens de se libérer des puissances d’aveuglement (bien-pensance et sentiment de culpabilité, pour n’en citer que deux), et de pouvoir enfin appeler un chat un chat.
Source : Agoravox

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