Roger Köppel, ancien rédacteur en chef du quotidien berlinois Die Welt, est aujourd’hui éditeur et rédacteur en chef de l’hebdomadaire de Zurich Die Weltwoche. Il a défendu dans ses colonnes l’interdiction des minarets. Au nom de la lutte contre l’islam politique, il se félicite du résultat et accuse l’UE de déni de démocratie.
C’est d’une seule voix que les muezzins des grands médias ont clamé leur indignation : la votation des Suisses (…) est, selon eux, contraire au droit international, immoral et indigne d’un pays ouvert au monde. (…) Les Suisses, nous dit-on, étaient trop bêtes pour comprendre les implications de leur décision politique.
Un spectre rôde, celui de la démocratie. Qui dit démocratie dit pouvoir du peuple, et il arrive parfois que le peuple ressente et pense différemment de ses dirigeants et de leurs pythonisses médiatiques, cela fait partie des risques du métier dans cette forme de gouvernement. (…) les menaces n’ont pas pris : l’initiative critique envers l’islam semble avoir trouvé un écho jusque dans les rangs de la gauche et des milieux libéraux. Rarement aura-t-on vu se creuser en Suisse un tel fossé entre les élites et les citoyens ordinaires.
(…) Il faut avoir une vision bien étriquée de la démocratie pour considérer qu’un référendum ne devrait aller que dans un sens. La démocratie, c’est un pouvoir d’Etat fondé sur le choix. Il n’y a qu’en Corée du Nord ou à Cuba que les gens, si tant est qu’on leur demande leur avis, disposent d’un bulletin sans choix possible.
Les inquiétudes répandues aujourd’hui par les fonctionnaires européens ou les journalistes (…) sont tout aussi erronées : l’Union européenne en particulier, mue par son ambition de devenir un Etat, s’est transformée en un instrument de déni de la démocratie. Nombre d’institutions de Bruxelles sont conçues du haut vers le bas, et fondées sur une solide méfiance vis-à-vis de leurs propres populations.
(…) L’islam est une religion problématique, car il n’est pas parvenu pour l’instant à une séparation de l’Eglise et de l’Etat. En votant majoritairement contre les minarets, les Suisses ont voté de manière impressionnante pour défendre les valeurs fondamentales de l’Europe.