Le Monde – 2 décembre
“Je veux du gros rouge qui tache.” C’est la consigne qu’a donnée Nicolas Sarkozy à ses ministres en novembre. En plein débat sur l’identité nationale et à l’approche des élections régionales, nul besoin de délicatesse alors qu’il faut reconquérir les classes populaires de nouveau sensibles au Front national.
“Le message était : “affirmez vos convictions, n’hésitez pas à cliver, les Français nous soutiennent””, raconte le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux. La stratégie était engagée depuis septembre. Le premier fut Eric Besson, avec l’évacuation de la “jungle de Calais”, puis l’organisation d’un charter franco-britannique renvoyant chez eux trois Afghans interpellés en France et la dénonciation des mariages “gris”.
M. Hortefeux a proposé d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs délinquants de moins de 13 ans. Xavier Darcos s’en est pris aux employeurs de travailleurs clandestins. Chacun a fait du zèle. Sans doute trop.
Et voilà que Nicolas Sarkozy suscite des inquiétudes au sein du gouvernement. Alors que la votation suisse du dimanche 30 novembre interdisant la construction des minarets accentue les risques de dérapage. L’Elysée nie qu’il y ait un problème similaire en France et un proche du président fustige “l’intelligence” des porte-parole de l’UMP qui ont cru bon de faire preuve de compréhension pour les électeurs suisses.