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Les réformes que l’on nous promet l’an prochain risquent d’être encore plus drastiques que les précédentes. On n’en finira donc jamais ! Tous les trois ans, le gouvernement impose aux Français une douloureuse réforme des retraites, censée combler les déséquilibres abyssaux de notre assurance vieillesse. Et, tous les trois ans, il constate que ça n’a pas marché, et il nous ressert une louche de soupe à la grimace.

Avis aux amateurs, le prochain service est prévu au printemps, et il s’annonce bien amer. «Nous allons tout remettre à plat», a prévenu l’Élysée. Il faut dire que le système fait eau de toutes parts.

Selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale, le déficit du régime général devrait atteindre 8,2 milliards d’euros cette année et près de 11 en 2010.
Et la situation n’est guère plus brillante dans les caisses complémentaires, à qui il manquera 1,4 milliard d’euros en 2009 et 3,4 l’an prochain.

Cette dégringolade n’a rien de surprenant. Elle tient pour une bonne part à la crise économique, qui a laminé les recettes des régimes. Selon l’Insee, 420 000 postes de travail ont été supprimés cette année, c’est autant de cotisants en moins. Et aucune amélioration n’est prévue pour 2010. Mais la dérive des comptes tient aussi à l’approfondissement du déséquilibre démographique. Gonflé par les générations du baby-boom, le nombre de pensionnés croît en effet d’environ 3% par an. Cela représente 380 000 tempes grises supplémentaires à nourrir chaque année. A cela s’ajoute l’effet de l’allongement de l’espérance de vie, qui augmente d’un trimestre par an la durée moyenne de versement des pensions.

Le gouvernement et les partenaires sociaux vont donc devoir jouer serré. Réunis autour de la table, ils examineront, bien sûr, les trois leviers d’économies traditionnels : hausse des prélèvements, baisse des prestations et allongement de la durée de cotisation. Mais ils pourraient aussi se lancer dans une réflexion plus décoiffante : le remplacement, à terme, de notre système de retraite par un régime unique par points, qui couvrirait les secteurs public et privé. Et qui, inutile de le préciser, rognerait un peu plus les pensions.

Qu’en est-il de la réforme des régimes spéciaux?

RATP, SNCF… La réforme des régimes spéciaux de retraite instaurée mi-2008 ne produira pas les effets escomptés. C’est en tout cas le verdict de la Commission des affaires sociales du Sénat. Pour rappel, l’objectif de cette réforme était de réaliser de substantielles économies en harmonisant le mode de calcul de la retraite des régimes spéciaux avec ceux de la fonction publique. A l’époque le gouvernement avait ainsi avancé que cette réforme permettrait de réaliser 500 millions d’économies cumulées en 2012.

Mais pour faire passer la pilule aux agents, qui ont vu certains avantages, comme la durée de cotisations, partir en fumée, il a fallu accepter des compensations salariales. A tel point que “les contreparties accordées aux salariés de la SNCF et de la RATP représenteraient un fort potentiel de dépenses supplémentaires et viendraient « grever » les économies attendues de la réforme”, explique le sénateur Dominique Leblanc, rapporteur de la mission. Il faut dire qu’à la SNCF le coût de ces mesures serait de plus de 600 millions d’euros (cumulés) d’ici la fin 2012.

Conséquences : les économies réalisées grâce à la réforme à court terme s’annuleraient à moyen terme. Quant à la RATP, les mesures prises ne permettront de ne dégager que de faibles économies… après 2015.

Conclusion sans appel de la Commission : «les gains résultant de la réforme des régimes spéciaux pourraient au final s’avérer beaucoup plus faibles pour la collectivité que ce que les prévisions initiales, particulièrement optimistes, ne le laissaient penser

Lire aussi :

Le document du Sénat relatif au projet de loi de finances pour 2010 : Régimes sociaux et de retraite

L’enquête de Capital : Les régimes spéciaux nous coûtent encore plus cher qu’avant

Capital

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