Paul-Henri du Limbert, chroniqueur au Figaro, défend l’action de Nicolas Sarkozy en matière d’«identité nationale». Il s’agit de faire comprendre aux Français que la France subit un bouleversement culturel et démographique sans précédent, qu’il faut s’adapter à cette situation dont les responsables ne sont pas nommés et donc d’accepter un fait accompli.
(…) Près de trente années sont passées, au cours desquelles la physionomie de la France s’est modifiée. Si on avait dit aux Français de ces années-là qu’un jour on s’interrogerait sur l’opportunité de rédiger une loi sur la burqa, ils se seraient gratté la tête puisque à l’époque le mot n’était connu que de quelques orientalistes confirmés.
Le mérite du débat sur l’identité nationale, c’est de prendre acte d’une réalité que chacun constate : la France a changé. Les Français l’avaient bien compris, mais on ne le leur disait pas clairement. En créant le Conseil français du culte musulman, Nicolas Sarkozy a mis fin à cette petite omerta absurde qui ressemblait à de l’hypocrisie.
Depuis, lorsque le chef de l’État reçoit à l’Élysée les dignitaires religieux, les musulmans sont enfin représentés et c’est heureux. La gauche peut s’amuser à traiter le chef de l’État d’apprenti sorcier, c’est tout de même lui qui a sorti cette religion de la clandestinité dans laquelle elle vivait depuis des années.
L’autre hypocrisie à laquelle s’attaque Nicolas Sarkozy, c’est celle qui a trait aux «valeurs chrétiennes» de l’Europe et de la France. On a usé de tant d’arguments spécieux pour justifier le fait qu’on ne mentionne pas cette référence dans la Constitution européenne que les Français se sont demandé si on ne les prenait pas pour des demeurés. Croyants ou non, ils voient bien que chaque village de France a son église et que la chose dure depuis déjà quelques siècles. C’est leur héritage, comme le sont aussi les valeurs de la République.Tendre la main aux musulmans, leur offrir des lieux de culte, mais rappeler ce que sont les racines du pays, c’est tenir les deux bouts de la chaîne. Il ne s’agit pas de stigmatiser, il s’agit de dessiner un avenir commun dans un monde où tout change. Dans ce débat sur l’«identité nationale», Michèle Alliot-Marie a eu raison de poser sur la table l’«unité nationale». Il s’agit simplement de savoir qui nous sommes et comment nous vivons ensemble. Qui peut être contre ?
Source : Le Figaro