C’est un sérieux coup de froid pour l’Espagne : l’agence de notation financière Standard and Poor’s a abaissé, mercredi 9 décembre, de “stable” à “négative” sa perspective sur la note souveraine du pays, “en raison de déficits fiscaux croissants”. Après avoir ramené en janvier la note de la dette à long terme du royaume de AAA (la plus haute) à AA+, elle le met en garde contre une nouvelle baisse d’ici à deux ans.
Jeudi matin, le premier ministre espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, s’est prononcé en faveur d’une restructuration rapide du système bancaire après qu’une crise immobilière a aggravé les effets de la crise économique.
“Même si nous reconnaissons que les banques et les caisses d’épargne ont plutôt bien résisté à la crise, il faut que l’activité de prêts soutienne la reprise”, a-t-il déclaré dans un communiqué lu à la télévision. “Dans les prochains mois, il faudra donc concentrer les efforts sur une rationalisation rapide de la taille du système financier”, a poursuivi le premier ministre espagnol.
Après plusieurs années de forte croissance, l’économie espagnole, frappée par la crise financière internationale et l’éclatement de sa bulle immobilière, est entrée en récession à la fin 2008, et n’en est toujours pas sortie, à la différence de la plupart des grands pays européens.
Le gouvernement prévoit un déficit public atteignant 9,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009, alors que la limite imposé par le pacte de stabilité européen est de 3 %. Le chômage se rapproche des 20 %.
“De notre point de vue, la correction des importants déséquilibres budgétaires et économiques de l’Espagne nécessite des mesures fortes, qui ne se sont pas encore matérialisées”, estime l’agence de notation dans un communiqué pour justifier le placement sous surveillance négative. Tout en reconnaissant qu’il n’y a pas urgence : Standard and Poor’s pourrait revoir sa position “si le gouvernement annonce des mesures budgétaires concrètes, que nous jugeons crédibles, pour atteindre un excédent primaire annuel de 2 % ou plus, d’ici la fin de la période de prévisions en 2012”.
Le ministère de l’économie espagnol a indiqué qu’il “respecte” la décision mais “ne la partage pas”.
Les marchés ont, eux, réagi par la négative : l’indice Ibex-35 de la Bourse de Madrid a terminé la journée de mercredi en nette baisse, perdant 2,27 % à 11 541,2 points.
L’euro est, lui, tombé dans la journée au plus bas depuis un mois, sous 1,47 dollar. Une conséquence notamment des mises en garde adressées ces derniers jours par les agences de notation : outre l’Espagne, la Grèce et le Portugal ont été visés, ainsi que, dans une moindre mesure, la Grande-Bretagne.