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Les déboires de la Grèce constituent pour l’euro le premier véritable test de sa jeune histoire. En dix ans, la monnaie unique européenne a résisté avec succès à des chocs d’une rare violence : attentats du 11 septembre 2001, effondrement de la bulle technologique, crise du subprime…

Rien ne dit que le franc, la lire ou le peso auraient traversé indemnes ces épreuves comme l’euro a su le faire. Mais à chaque fois ces chocs, partis des États-Unis, venaient de l’extérieur. Or, aujourd’hui le danger réside à l’intérieur même de la zone. Et fait surgir une question lancinante : la Grèce sera-t-elle contrainte, à terme, de quitter l’euro ? A priori non. Pour un petit pays, appartenir à une large zone monétaire est une opportunité rare. Jusqu’au moment où les contraintes deviennent tellement élevées qu’il apparaît moins coûteux d’en sortir.

Sortir de la zone euro pourrait bien, au final, s’avérer moins coûteux qu’y rester.


Athènes est confronté à un double défi. D’abord restaurer sa crédibilité. Depuis son intégration dans la zone euro en 2001, le pays n’a cessé d’être pris en défaut sur la réalité de ses statistiques économiques. Affichés à 6 % en début d’année, les déficits seraient en fait de 12,7 % du PIB, selon le dernier pointage de l’office statistique national. Une tromperie qui fait apparaître la Grèce comme une sorte de «passager clandestin» de la zone euro. Et qui rend particulièrement difficile une aide directe de la part d’un État européen. Les opinions publiques des pays les plus vertueux Allemagne, Pays-Bas ou celles qui s’inquiètent pour leur propre sort comme la France ou l’Italie auront du mal à accepter de financer un pays qui donne l’impression de ne pas jouer le jeu.

Le deuxième défi pour le gouvernement grec est donc de prouver sa volonté de rétablir au plus vite ses comptes publics. En théorie, un État dispose de deux instruments pour réduire ses déficits : la politique monétaire et la politique budgétaire. Battre monnaie permet de financer son budget tout en offrant la possibilité de jouer sur les marchés de change en dévaluant sa devise, afin de stimuler la compétitivité. Un geste qui dope la croissance et provoque un peu d’inflation. L’instrument idéal pour réduire l’endettement… sur lequel la Grèce ne peut pas compter puisque, comme tous les pays de la zone euro, la politique monétaire est l’apanage de la BCE à Francfort.

Ne reste donc que l’arme strictement budgétaire. En l’occurrence, l’organisation de coupes sévères dans les dépenses de l’État. Le gouvernement de Georges Papandréou en a-t-il les moyens ? Les agences de notation en doutent, d’autant que le climat social est fortement dégradé dans le pays, rendant particulièrement difficile l’acceptabilité de mesures drastiques. À défaut de le faire par lui-même, le gouvernement grec n’aura plus qu’une seule solution : se placer de facto sous la tutelle de Bruxelles. En maniant la carotte et le bâton, la Commission européenne pourrait générer une pression extérieure suffisamment forte pour inciter la Grèce à se réformer en profondeur, comme le FMI l’a si souvent fait par le passé avec des pays en crise. Au prix, la plupart du temps, de douloureux ajustements. La question qui se posera alors sera de savoir jusqu’où le peuple grec acceptera des sacrifices pour rester dans la zone euro ? Le rapport coût sur bénéfice n’est pas si évident.

Aujourd’hui, l’État grec se refinance à un taux de 5,77 % à dix ans. Un niveau plus proche de celui de la Hongrie ou de la Lettonie que de l’Allemagne. En d’autres termes, la protection offerte par la zone euro ne joue presque plus. Sortir de ce système pourrait bien, au final, s’avérer moins coûteux qu’y rester, la hausse des taux longs pouvant être compensé par une dévaluation rendant immédiatement le pays plus compétitif.

Tout en donnant aux Grecs le sentiment de retrouver leur souveraineté démocratique à laquelle ils sont si attachés depuis la naissance de leur civilisation.

Le Figaro

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