L’Eglise Virtuelle de Fdesouche.com
Chaque dimanche, afin que chacun puisse mieux connaître le déroulement de l’année liturgique en comprenant la signification du temps liturgique dans lequel on se trouve et en découvrant les plus importantes des fêtes de saint que l’on célèbre chaque jour, Fdesouche.com donne la parole à un homme d’Eglise.
Notre objectif à travers cette opération n’est pas de faire du prosélytisme mais de permettre aux lecteurs de connaître et de comprendre la religion dont la France est “la fille ainée”.
Merci d’être constructif dans vos commentaires.
Par le Père Augustin
Qu’est-ce que l’Avent ? (reprise)
Nous sommes entrés depuis deux dimanches dans le temps de l’Avent. Pendant quatre dimanche avant Noël, on se prépare à célébrer cette grande fête de la venue du Messie Jésus sur la terre.
Saint Bernard, le grand moine bourguignon qui prêcha la 2ème Croisade à Vézelay, considérait que le Christ (ou Messie) vient sur la terre de trois manières. Il vient comme l’enfant de la Crèche de Bethléem. Il vient dans les cœurs de ceux qui ont foi en lui. Il vient enfin, à la fin du monde, pour juger les vivants et les morts. Sur les tympans, au dessus des portes de nos cathédrales ce jugement par le Christ, avec les bons à sa droite et les méchants à sa gauche a souvent été représenté.
Le temps de l’Avent célèbre ces trois avènements du Messie : dans la chair du Christ, dans nos cœurs et dans la gloire du Jugement dernier.
Le troisième dimanche de l’Avent (13 décembre)
Le troisième dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de « Gaudete » (prononcez : gaudété), en latin : « Réjouissez-vous », selon le mot du chant d’entrée (introït), reprenant le texte de l’ épître de saint Paul aux Philippiens : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, je vous le répète : réjouissez-vous ». Pour marquer cette joie spirituelle, exceptionnellement le vêtement du prêtre qui célèbre la messe est de couleur rose (il y a des « rose bonbon », plus ou moins heureux et des « vieux rose » très jolis).
Vous pourrez vous demander : « Mais quelle est cette joie ? L’Avent devrait être un temps de préparation et de pénitence et on nous parle de joie, je ne comprends plus rien ». Je voudrais vous répondre avec le témoignage tout récent d’un (vieux) monsieur qui vient de se faire baptiser et qui me disait : « Au début, je me suis fait baptiser pour des motifs politiques, parce que face à la montée de l’islam, il n’y a que le baptême. Mais maintenant, lorsque je pense au chemin que j’ai fait, à mon baptême l’année dernière et au mariage qui a suivi, je suis heureux, et parfois les larmes me montent aux yeux ». Cette joie spirituelle, qui ne doit rien à la consommation, il faut en faire l’expérience pour la comprendre…
Le temps de l’Avent est le temps de l’attente de Dieu. Cette attente est comme une sorte d’avant goût du bonheur éternel que Dieu nous donnera. Ce n’est pas l’attente dans le désert des Tartares que décrit Dino Buzzatti. L’Eglise ne nous fait pas vivre la morne vie de garnison, avec des obligations toujours les mêmes et des exercices, « en colonne couvrez », comme à la caserne. Mais chacun sent déjà dans son cœur « comme le Seigneur est doux ». Une belle messe nous fait sentir cette présence de Dieu. Comme dit Pascal, « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison ».
Les Quatre temps d’hiver : Dans le rite romain classique, les quatre saisons sont marquées par la célébration des « Quatre temps », durant lesquels, il y a plus de lectures à la messe et qui constituent comme quatre temps forts spirituels. Cette année les quatre temps d’hiver se célèbrent mercredi 16, vendredi 18 et samedi 19 septembre. Cette façon de marquer les saisons intègre la liturgie dans le rythme du cosmos. Elle rappelle des festivités païennes célébrées à Rome dans l’antiquité et dont nos Quatre temps ont pris la place.
Le 13 décembre : fête de sainte Lucie
Traditionnellement la nuit du 13 décembre est considérée comme la nuit la plus longue de l’année. Ce jour est donc consacrée à sainte Lucie, une martyre sicilienne morte en 303, dont le prénom romain traditionnel, Lucia, évoque la lumière (lux). La Sainte Lucie est une fête de la lumière au moment où l’obscurité est la plus longue. Elle est particulièrement célébrée en Scandinavie, encore aujourd’hui, où les jeunes filles s’habillent de blancs et portent une couronne de feuillages ornée de bougies.
Sainte-Lucie a donné son nom à de nombreux villages et à une île de l’archipel des Vents dans les Caraïbes. Ce prénom possède de nombreux dérivés : Luce, Lucinde, Lucile, Lucette. Cette jeune martyre dont les reliques sont aujourd’hui à Venise est citée dans le Canon de la messe latine.
Dans le sud de la France on parle des « yeux de sainte Lucie » pour désigner un coquillage, très apprécié des consommateurs. La légende de sainte Lucie, racontée par Jacques de Voragine dans sa célèbre Légende dorée, nous donne la raison de cette appellation. On raconte que la jeune fille obtint la guérison de sa mère, atteinte d’hémorragies, en allant prier à Catane au tombeau de sainte Agathe (fête le 5 février) une autre martyre. En remerciement, elle offrit toute sa fortune aux pauvres de la ville de Syracuse. Cela irrita son fiancée, qui la dénonça comme chrétienne. Elle fut arrêtée et promise au martyre. Le Préfet Paschasius tenta de la faire violer en la conduisant dans un lupanar. Mais elle résista victorieusement à tous les outrages. Alors que son fiancé repentant lui faisait dire qu’il ne parvenait pas à oublier ses beaux yeux, elle les lui envoya, ses yeux, dans une boîte, pour qu’il ne les oublie jamais… Elle fut finalement martyrisée d’un coup d’épée
Les Bollandistes, jésuites, spécialistes des Vies de saints, reconnaissent qu’il y a dans cette vie une part de légende. Mais comment faire jamais la part de l’histoire et celle de la légende ? Et qu’importe si cette légende raconte une véritable passion pour le Christ et dit la force que ce sentiment donne à ceux qui l’éprouvent ? On ne compte plus, dans l’histoire de l’art occidental, le nombre des représentations de sainte Lucie, avec ou sans les fameux yeux qu’avec une terrible passion, elle s’est arrachée à elle-même.
Elle est aujourd’hui la patronne de Syracuse, mais aussi des mal voyants et des personnes atteintes d’hémorragie. Ne faudrait-il pas en faire officiellement la sainte patronne des passionné(e)s ?