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Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, condamne à son tour le débat sur l’identité nationale, devenu “un déversoir et un défouloir”.

Commissaire à la Diversité et à l’Egalité, nommé par Sarkozy, vous critiquez le débat sur l’identité nationale?
Je suis mal à l’aise, et c’est mon rôle d’avertir. Ce débat échappe à tout contrôle, peut aggraver les fractures et donne à beaucoup de Français, les Français de confession musulmane, le sentiment d’être une fois de plus marginalisés. Je le redoutais, c’est en train d’arriver. Quand on organise un débat public, il faut s’en donner des moyens. Consulter les intellectuels, les universitaires, mettre des textes fondamentaux à la disposition des gens. On doit surtout politiquement dire ce qu’on cherche et où on veut aller. Si l’on avait dit que ce débat devait nourrir l’égalité réelle, les choses auraient été différentes. Mais là, le débat est présenté comme ayant une vertu propre. C’est devenu un déversoir et un défouloir.

V ous souhaitez qu’on arrête ce débat?
Je souhaite qu’on rompe avec la médiocrité. Le Président a commencé un heureux recentrage dans sa tribune dans Le Monde.

Il parle du “défi” que lanceraient des musulmans à la France chrétienne et républicaine.
Ce n’est pas ce que je retiens de l’article. Nicolas Sarkozy revendique le métissage de la société française. C’est une parole politique forte. Il en appelle à l’assimilation républicaine. Celle qui va permettre à chaque individu de se construire dans la République, sans abandonner son passé ni ses valeurs. Quant au défi, je crois qu’il faut retourner le mot: il y a un défi pour la France d’accomplir l’égalité ;un défi pour la France d’accepter qu’elle est aussi un pays musulman. Peut-on être musulman dans ce pays, en pleine égalité?

Vous êtes musulman?
Je suis de culture musulmane, et croyant.

En avez-vous assez qu’on parle de l’islam comme d’une religion qui arriverait juste et qu’il faudrait accueillir?
Je regrette qu’on se trompe à ce point. L’islam est devenu la deuxième religion de France il y a 179 ans, lors de la conquête de l’Algérie. L’islam est la deuxième religion de notre pays aujourd’hui. C’est une situation de fait, plus une question d’accueil.

Mais le Président est dans cette problématique de l’accueil et des nouveaux venus…
C’est un anachronisme, y compris par rapport à ce qu’il est et ce qu’il pense, et ce qu’il, a construit. Nicolas Sarkozy a fait sortir l’islam de France du placard. C’est cela, son identité politique. C’est en ce sens qu’il doit continuer de recadrer ce débat. Il y a chez des musulmans des comportements parfois hétérodoxes ou régressifs, ou qui rompent avec une tradition française de discrétion. Mais les musulmans qui prient dans la rue ne le font que parce qu’ils n’ont pas de lieu décent pour pratiquer. Il faut encore construire des mosquées. Quant à la burqa, c’est un comportement ultraminoritaire, souvent le fait de convertis : c’est une pathologie, pas une question de menace sur l’identité…

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