Les mathématiques sont une science exacte, dit-on ; en ce cas, les statistiques ne doivent pas faire partie des mathématiques… Les gouvernements s’arrangent avec les chiffres et les faits au mieux de leurs intérêts électoraux. D’où la nécessité de disposer d’observatoires indépendants, capables de corriger les tripatouillages du pouvoir.
Aux Etats-Unis, avec une destruction de 11 000 emplois en novembre, le taux de chômage, qui était de 10,2% le mois précédent, est redescendu à 10 %. C’est le phénomène incroyable que vient d’annoncer le Bureau du Travail.
Comment une destruction d’emplois, aussi minime soit-elle à l’échelle de la nation américaine, peut-elle conduire à une régression du chômage ?
Avec 15,4 millions de chômeurs officiellement déclarés, une décrue de 0,2 % du chômage équivaut à 30 800 personnes.
On en déduit qu’avec 11 000 emplois perdus le mois dernier, l’économie américaine a réussi la prouesse de remettre 30 800 personnes au travail.
En poursuivant cette logique absurde, chaque emploi détruit équivaut donc à la création de trois nouveaux emplois. Tel est le miracle accompli par l’ange noir de la Maison Blanche.
Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research, a donné une explication du phénomène. La destruction d’emplois en octobre aurait été exagérée et les statisticiens l’ont corrigé le mois suivant. Cela ne saurait restaurer la confiance de l’opinion publique.
Les statistiques du marché de l’emploi sont trop sensibles pour être confiées à une agence gouvernementale. De même, en France, l’ancien premier ministre ayant fait de l’emploi son cheval de bataille pour gagner l’élection présidentielle, les statisticiens de l’INSEE furent soumis à une rude pression de sa part pour parvenir à de bons chiffres…
Officiellement, le taux de chômage est de 10% outre-Atlantique. Mais il existe aux Etats-Unis beaucoup d’instituts de recherche indépendants qui donnent des chiffres moins lénifiants. Ainsi Alan Abelson, l’éditorialiste du Barron’s Magazine, fait-il état de 17,2% de chômeurs, si l’on veut bien inclure les gens radiés des statistiques de l’agence gouvernementale. Il y aurait 26 millions de chômeurs et non pas quinze recensés par le Bureau du Travail.
On se rapproche inexorablement de la Grande Dépression avec son cortège de 25% de chômeurs de la population active. A l’époque, il n’y avait pas autant de fonctionnaires qu’à présent pour «affiner» les statistiques dans le sens voulu par le gouvernement. Mais comment en irait-il autrement lorsque les élus ne s’intéressent qu’à leur réélection ?
Tout est question de paramètres, que l’on inclut ou non, pour parvenir au résultat souhaité. C’est ce que nous ont appris les messages électroniques échangés par des scientifiques à la recherche de l’improbable réchauffement climatique lié à l’activité humaine.
Lorsqu’on est payé pour obtenir une preuve, aussi ténue soit-elle, on ne peut pas décevoir son commanditaire en disant qu’il n’y a aucun lien entre la cause (CO2) et l’effet (réchauffement de l’atmosphère)…
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